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Expositions

L’exil intérieur d’Otto Dix

Le Centre Georges Pompidou expose une centaine de dessins réalisés par Otto Dix (1891-1969) durant l’entre-deux-guerres.


Autoportrait avec chevalet, 1926,
fusain et craie sur papier trans-
parent, 100 x 69,5 cm, Berlin,
galerie Pels-Leusden.
© Galerie Pels-Leusden.
PARIS. Après avoir été le premier à acheter une toile de Dix en 1961 - La journaliste Sylvia von Harden( 1926) -, le Musée national d’art moderne poursuit sa redécouverte des avant-gardes allemandes. Envoyé sur les fronts français et russe, Otto Dix immortalise ses souvenirs de tranchées. Le Trou de grenade avec des fleurs ou les Soldats criblés de balles restituent l’horreur des combats. Par ailleurs, l’artiste ne cesse de puiser dans l’enseignement des maîtres anciens et modernes. Comment ne pas penser à Léonard de Vinci devant les Études de plis ou à Giorgione pour le Saint Christophe ? Dans ses esquisses de nus, l’épuration des traits et l’érotisme des postures évoquent l’univers de Klimt ou de Schiele, tandis que l’Étude pour Ève rappelle l’œuvre de Lucas Cranach. Dans la seconde salle, on est surpris par l’ampleur et la force du dessin préparatoire pour le triptyque La Guerre (1930), présenté dans son intégralité.

Le repli sur soi
Destitué de ses fonctions à l’Académie prussienne des arts en 1933, Otto Dix entre dans une phase d’«exil intérieur», qui durera jusqu’en 1945. Plus de 260 œuvres sont retirées des musées allemands tandis que d’autres sont présentées dans les expositions d’«art dégénéré». Grosz émigre aux États-Unis, Dix choisit de rester : «En 1939, je me suis complètement fermé. Je me réfugiais dans la campagne et je peignais et peignais. Je ne voulais rien savoir de la guerre...». Les paysages des années 1930-40 subissent l’influence d’un artiste récupéré par le gouvernement nazi : Caspar David Friedrich. Au maître romantique allemand, il emprunte la notion de «sublime», mais continue à dénoncer la société qui l’entoure dans des métaphores à l’image du Cimetière juif de Randegg en hiver (1935) où l’alignement des tombes peut être interprêté comme une autre version du Triomphe de la mort.


 Stéphanie Magalhaes
31.01.2003