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Expositions

Malevitch au carré

Pour le 125e anniversaire de la naissance du peintre russe, une rétrospective aborde de façon exhaustive sa dernière période.


Kasimir Malevitch, Cercle noir,
1915, huile sur toile, 79 x 79 cm.
© Galerie Gmurzynska.
BERLIN. Le carré blanc sur fond blanc ? Le carré noir ? Des icônes «incontournables» de la peinture moderne, qui l’étaient déjà, en quelque sorte, à la mort de Malevitch : en 1935, sur le radiateur du corbillard qui l’emmenait au cimetière, son épouse avait accroché un de ces fameux Carré noir… «Il en existe quatre, explique Matthew Drutt, conservateur à la Menil Collection de Houston et commissaire de l’exposition. L’original a été peint en 1915 et n’a jamais quitté Moscou. Il appartient à la galerie Trétiakov. Le deuxième a été peint en 1923 et se trouve au Musée russe à Saint-Pétersbourg. La troisième version, de 1929, est également à la galerie Trétiakov. C’est celle qui est le plus souvent prêtée. La quatrième, peinte dans les années trente, est à l’Ermitage. À Berlin, nous montrons le Carré de 1929, mais à New York et Houston, où l’exposition se rendra ensuite, nous exposerons pour la première fois hors de Russie celui de 1915. Il rejoindra la Croix noire (Centre Pompidou), le Cercle noir et le Plan allongé (ces deux derniers sont dans une collection privée).

Des œuvres encore jamais montrées
L’occasion est donc exceptionnelle : les quatre éléments suprématistes de base, tous créés en 1915, seront réunis pour la première fois depuis que Malevitch les a peints. Si le Guggenheim a choisi de se concentrer pour l’essentiel sur la période de 1913 (avec les Alogismes) à 1917, c’est qu’elle a fait de l’artiste l’alter ego de Mondrian et de Kandinsky. Malevitch invente des formes abstraites, immédiatement reconnaissables, universelles… ce qui ne plaira que modérément aux autorités soviétiques qui le forceront à revenir à une peinture figurative dès les années vingt. À Berlin, les tableaux sont mis en relation avec de nombreux dessins et des objets. «L’exposition réunit plus d’œuvres suprématistes que l’on n’en a jamais montré, poursuit Matthew Drutt, elle présente également sept tableaux qui n’avaient jamais été vus depuis les années vingt.» Lors de la longue nuit du 1er au 2 février, pour se replonger totalement dans les Russie des avant-gardes, on pourra fréquenter Malevitch jusqu’à 2 heures du matin au son des mélodies de Chostakovitch.


 Rafael Pic
31.01.2003