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Expositions

Les Iapyges sortent de l'oubli

Entre tradition autochtone et influences hellènes, des céramiques retracent l’histoire du «talon» de l’Italie à l’Âge du fer.


Kyathos cornu, Daunie, 550-400
av. J.-C., 12 cm.
© Musée d’art et d’histoire de
Genève, photo N. Sabato.
PARIS. À la Fondation Mona Bismark, le minimalisme muséographique est de rigueur. Sur des murs tendus de toiles blanches se détachent uniquement une carte de l’Italie méridionale et deux détails d’œuvres, tirés en grand format. Tout est fait pour que l’attention se focalise sur une petite centaine de céramiques étonnantes qu’on imaginerait plus facilement modelées dans l’univers andin que dans les Pouilles. Toutes ont pourtant été façonnées entre le VIIe et le IIIe siècle av. J.-C. par les Iapyges, un ensemble de peuples né de la fusion des autochtones avec des groupes ayant traversé la mer Adriatique pour s’établir sur la péninsule au cours du XIIe siècle av. J.-C..

L’influence de Tarente
À l’exception de stèles funéraires gravées, de nombreuses fibules et de rares mentions dans les textes des auteurs grecs - c’est d’ailleurs à l’un d’eux, le géographe Strabon, que l’on doit l’invention du nom «Iapyges» -, ces céramiques retrouvées dans un contexte funéraire sont les seuls éléments qui permettent de reconstituer l’histoire des Iapyges. Une histoire qui n’est autre que celle d’une hellénisation devenue inexorable après la fondation de la colonie grecque de Tarente vers 650 av. J.-C.. En guise de symbole, le parcours débute sur des cratères décorés de frises alternées de motifs géométriques et de silhouettes zoomorphes ou anthropomorphes. À ces créations proprement locales répond la dernière pièce de l’exposition : un vase à figures rouges dans lequel certains spécialistes voient une représentation de la rencontre d’Hélène et de Pâris.

La tradition daunienne
Pour leur grande majorité, les pièces exposées proviennent de Daunie, près de l’actuelle ville de Foggia. Jusqu’au IVe siècle, cette région, la plus septentrionale du pays iapyge mais aussi la éloignée de Tarente, a en effet constitué une réelle enclave échappant à l’influence grecque. Cruches à anses latérales, récipients servant à puiser le vin et vases-filtres aux formes très épurées sont tapissés de décors géométriques rougeâtres et noirs. Une sobriété qui contraste avec la fantaisie poétique des appliques en ronde-bosse : figures de femmes richement parées, corps d’oiseaux modelés ou têtes stylisées de renards aux yeux exorbités…


 Zoé Blumenfeld
08.02.2003