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De l'art ou du cochon ?

À la demande des autorités belges et de Gaia, groupe d’action dans l’intérêt des animaux, Wim Delvoye doit cesser ses tatouages.


© Galerie Obadia
Connu pour son installation biotechnique Cloaca - reconstitution du système digestif humain à l’aide de tubes et de commandes informatiques -, Wim Delvoye revient de nouveau au cœur des débats sur les limites de l’art contemporain. En décembre dernier, l’inspection vétérinaire du ministère de la santé publique belge a été informée que l’artiste souhaitait participer à «L’Été de Watou», manifestation culturelle dans un petit village à la frontière franco-belge, en exposant des porcs tatoués. Malgré ses efforts, Wim Delvoye n’a pu convaincre ses détracteurs de l’intérêt de son travail plastique. Pourtant, selon lui, ces animaux auraient ainsi été sauvés de l’abattoir et auraient pu continuer à se rouler dans la boue librement tout en étant gratifié du statut d’œuvre d’art.

«Monsieur Delvoye est en infraction avec la loi de protection des animaux qui interdit tout usage d’êtres vivants dans des événements artistiques à partir du moment où ils endurent des blessures ou des souffrances pouvant être évitées. L’artiste prétend anesthésier les porcelets sous narcose dès l’âge de deux mois. Mais ce qu’il oublie de dire c’est qu’il est obligé de renouveler l’injection dix fois en une heure et demi !», se révolte Michel Vandenbosch, le président de Gaia. Pourtant, l’artiste n’en est pas à son premier tatouage… Une pratique qu’il a entamée dans les années 1990. Le problème majeur reste le stockage ! Devant cet inconvénient majeur et n’étant pas prêt à se reconvertir en éleveur d’animaux, même tatoués, Wim Delvoye a décidé de se contenter de leurs dépouilles, plus facilement transportables et exposables sur des cimaises classiques. Ainsi, la galerie Obadia à Paris possède Everybody loves sunshine (25 000 €), peau de cochon à l’effigie du Christ, et Joséphine (50 000 €), animal naturalisé. Après les défenseurs de la nature, l’artiste ne va-t-il pas s’attirer les foudres de l’Église et des amis de Napoléon ?


 Céline Carrier
07.02.2003