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Marché

Une chaise très olé olé

Oléas a le dos ferme et les jambes fines.


© D.R.
La chaise imaginée par Philippe Bellanger vient de recevoir le prix Top Plastiques 2003. Ce dernier, créé il y a quatre ans par le syndicat des producteurs de matières plastiques, a été attribué le 24 janvier à l’occasion du salon parisien Now ! Design à vivre. Le premier objectif du créateur a été de faire une chaise «différente». Il a voulu éviter les quatre pieds classiques posés sous l’assise. Deux des pieds montent donc jusqu’au dossier, créant un écarteur en forme de bras, doué de souplesse. Cela permet d’obtenir un dos élastique mais qui ne s’élargit pas exagérément, comme c’est le cas sur les chaises dites spaghetti, où des montants rigides rendent paradoxalement les «nouilles» trop flexibles… et donc plus fatigantes pour notre propre dos. Ces montants sont en acier, recouverts d’une étrange peau d’orange. Elle est produite par la cohabitation de deux résines qui se repoussent l’une l’autre. Cette «peinture au refus», de caractère forcément instable, se fige au four. Elle donne à l’épiderme du siège un aspect irisé : dans chacune des minuscules cavités, un dépôt de pigment change de couleur selon la lumière qui le touche. Les jurés du prix ont été particulièrement sensibles au tissu du dossier. Il est en polyamide enduit de PVC. Il n’est pas tissé mais thermo-soudé, c’est-à-dire que les cellules sont solidarisées par l’action de la chaleur. Elles supportent sans broncher une tension de 300 kg.

Aussi sexy que...
Cette jeune Oléas, qui recherche un éditeur, se veut un hommage à Almodovar. Pourquoi ? «Elle est tendue comme une cape de torero. Elle a les jambes un peu rentrées mais très fines, qui font penser à des talons aiguille» explique son géniteur. Des sociétés ont déjà manifesté leur intérêt et elle pourrait être prochainement produite à un prix unitaire de l’ordre de 200 €. Philippe Bellanger, né en 1953, a été récompensé récemment à la Biennale de design de Saint-Étienne et à l’Agora des créateurs, à Paris. Il est maintenant occupé par un autre projet, qui sera présenté au festival des jardins de Chaumont, en septembre prochain. Il n’aurait pas déplu à Carelman, le génial compilateur d’objets introuvables. Il s’agit d’un fauteuil multimodal - entendez par là qu’il accepte plusieurs façons de s’asseoir - et pliable comme un parapluie. On l’espère aussi sexy que Oléas.


 Rafael Pic
11.02.2003