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Expositions

Partition inachevée pour tableaux mécaniques

Objets de curiosité, pièces de collection ou mécanismes scientifiques, les tableaux mécaniques, très en vogue au XIXe siècle, seront oubliés après l’avènement du cinéma.


Orchestre de singes,
vers 1860-1880, Musée des
automates, Neuilly-sur-Seine.
© Musée des automates.
NEUILLY. Situé près du bois de Boulogne, l’hôtel Arthuro Lopez témoigne, dans son architecture intérieure, des dernières tendances néoclassiques des années 1900. C’est dans ce décor de faux marbres, de pilastres cannelées et de moulures dorées que sont exposés des tableaux hors du commun associant mécanismes d’horlogerie, cylindres musicaux et scènes animées. Les premiers tableaux mécaniques remontent au XVIe siècle, mais il faut attendre le XIXe siècle, ses intérieurs bourgeois et la multiplication des cabinets de curiosités, pour qu’ils connaissent leur heure de gloire. Le procédé est simple : un réseau de poulies et de leviers confectionné en fil et en carton actionne les personnages tandis qu’une boîte à musique émet l’accompagnement sonore. Parfois, une horloge s’ajoute à la composition. Pour la première fois, depuis leur récente restauration, cinq tableaux mécaniques du Musée de Neuilly sont présentés au public aux côtés de pièces prêtées par le Musée des arts décoratifs de Paris et par le Musée du temps de Besançon. La prochaine étape consistera à remettre en état les automates de la collection et à faire ainsi revivre les personnages de Vaucanson.

Le théâtre de l’imagination
En guise de préambule à l’exposition figure le tableau (1739) de Desmarès, mécanicien à Versailles. Plus de soixante personnages n’attendent qu’un tour de clef pour se mettre en marche : des blanchisseuses, un charpentier, deux enfants mais aussi des moulins, des poules et des canards. C’est devant le tableau mécanique du Musée de la musique des Gets, en Haute-Savoie, qu’Anatole France s’impatiente, dans Le Livre de mon ami : «Il paraît que la locomotive, le navire et le ballon ne partent que toutes les heures, et c’est long, une heure». Toujours prêt à tourner en ridicule les divertissements des bourgeois, Honoré Daumier, s’empresse de croquer, pour le Charivari, le gentilhomme en extase devant son tableau-horloge. Présentées sur des chevalets pour mettre en évidence leur caractère artistique, ces pièces représentent des scènes de genre, comme une pendule aux singes musiciens inspirée d’une toile d’Alexandre-Gabriel Decamps, des sujets enfantins tels que des petits chats en papier découpé, des illustrations de petits métiers ou les dernières innovations techniques immortalisées par le passage d’un train en arrière-plan (vers 1880). De Robinson Crusoé au sonneur de cloches, toute l’imagerie populaire de cette époque est représentée. Les œuvres étant trop fragiles pour être mises en fonctionnement, une réplique à l’identique de La Leçon amoureuse (1860-1880) permet aux curieux de comprendre la simplicité du mécanisme qui met en scène un galant faisant sa cour à une jeune femme au piano…


 Stéphanie Magalhaes
10.02.2003