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Expositions

Jodice, chantre de la Méditerranée

Le photographe italien livre une décennie d’études sur la grande bleue. En noir et blanc…


© Baudoin Lebon, Paris.
PARIS. La mer et ses rivages pourraient évoquer le repos de l'artiste, sa méditation au terme d'une longue errance à travers les musées et les vestiges de l'Antiquité. En regardant mieux ces grands tirages (épreuves aux sels d’argent, de 50 x 50 cm à 120 x 120 cm, entre 4 500 et 7 500 €), qui peuvent s'organiser en polyptyques, on s'aperçoit qu'au lieu d'offrir la sérénité, la Mer de Mimmo Jodice partage l'inquiétude de ses images de ruines ou de statues : contraste fort en ciel de plomb et franges d'écume, coulée du temps en pose longue, et nulle présence humaine sur ces pierres lavées par les vagues. Si parfois une proue, une jetée ou la silhouette d'un phare ramènent à la civilisation, la photographie s'ancre dans une évocation intemporelle plus proche de la solitude et du naufrage que de la villégiature, plus parente d'Homère que des contemporains Ghirri, Vitali ou Basilico. Commencé il y a quelques années, ce dernier travail prolonge le parcours d'auteur entrepris au début des années 1970, quand, abandonnant ses investigations réalistes sur Naples, Mimmo Jodice se mêle à l'avant-garde artistique et fond dans une vision formelle sa relation à la peinture, à l'architecture, à l'héritage solaire de la Méditerranée. Une convergence dont la rétrospective Mimmo Jodice de la Galleria d'Arte Moderna de Turin a montré, en 2000, la richesse et la complexité. En attendant qu'une institution renouvelle l'initiative en France, le Centre de langue et de culture italienne invite sur l'autre rive de la Seine à voir ou à revoir une partie de la série achevée des Archéologies, qu'on pourra prendre comme une clef pour la Mer.


 Hervé Le Goff
11.02.2003