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Les croisades en décor

Un ouvrage analyse l’histoire et l’iconographie de l’ensemble néo-médiéval du château de Versailles.

Les salles des croisades font partie des trésors méconnus du château de Versailles. Elles relèvent du Musée d’histoire de France fondé en 1833 par Louis-Philippe. Symbole fort de l’unité de la nation, chaque parti politique y était représenté par un moment de l’histoire : les batailles du Consulat et de l’Empire étant dédiées aux bonapartistes, la salle de 1830 aux orléanistes ou les Croisades aux légitimistes. Dans son introduction, Jean Richard souligne le caractère novateur de cet ensemble. Avant le milieu du XIXe siècle, les expéditions pour la défense de la Terre sainte avaient fait l’objet de représentations. Mais, souvent consacrées aux épreuves affrontées par Saint-Louis, aux prises avec les Infidèles, elles relevaient plus de l’hagiographie que de la peinture d’histoire.

Reconstitutions fidèles
Reproduites dans leur totalité, les cent vingt-sept peintures qui ornent ces salles montrent à quel point le projet du roi des Français rompt avec cette tradition. Représentations des hauts faits militaires ou politiques, et portraits de croisés illustrent le progrès des connaissances historiques. Certaines s’inscrivent dans la mouvance néoclassique, comme les portraits conçus par Emile Signol ou Henri Decaisne, qui rappellent les vitraux dessinés à la même époque par Ingres pour la chapelle commémorant la mort du prince Ferdinand, le fils aîné de Louis-Philippe. D’autres appartiennent à la veine romantique comme la Prise de Constantinople de Delacroix ou la Bataille de Las Navas de Tolosa d’Horace Vernet. Mais toutes témoignent d’une même volonté de restituer les faits avec véracité.

Le scandale des armoiries
Véritable somme sur le sujet, un ouvrage réunit plusieurs essais, une courte biographie sur la cinquantaine d’artistes ayant participé au projet et des notices sur chacune des peintures. Les passionnés d’héraldique y trouveront également leur bonheur. Les huit cents écus qui décorent les piliers et les plafonds à caissons sont reproduits et analysés, permettant de rappeler le scandale qui éclata en 1844. À l’ouverture du musée, de nombreuses familles s’offusquèrent de ne pas voir les armes de leurs glorieux ancêtres et exigèrent la création de nouvelles inscriptions…


 Zoé Blumenfeld
21.02.2003