Star Academy 1900

ÉVREUX. Sarah Bernhardt, qui aimait à s’endormir dans un cercueil ? On l’attend bien sûr, comme figure tutélaire du monde du théâtre au tournant des années 1900. On reste cependant un peu sur sa faim : la divine n’est présente ici que par l’intermédiaire d’une peinture de Georges Clarin, la reine dans Ruy Blas, d’après Victor Hugo, et par une série de photographies qui la détaillent dans le rôle de Cléopâtre. À côté d’elle, le tout aussi célèbre à l’époque - mais son étoile a davantage pâli avec le passage des ans - Constant Coquelin, photographié par Nadar en Cyrano de Bergerac. Mais l’exposition n’a visiblement pas vocation à l’exhaustivité. Une première salle brosse à grands traits l’histoire du théâtre, avec une mise en lumière particulière du fonctionnement et des coulisses de la Comédie-Française. Sur un fond - pourpre, évidemment - la collection d’Edouard Pasteur, riche banquier et fervent spectateur, bénéficie d’un coup de projecteur mérité, avec de nombreux portraits d’acteurs dans leur tenue de scène attitrée - Jules Laroche par Aimé Morot ou Blanche Barretta par Louis Abbéma. La seconde salle, si elle présente également des acteurs, met l’accent sur le renouveau de la composition, de l’interprétation. Le riche apparat scénique et vestimentaire passe au second plan, au bénéfice de la personnalité de l’interprète, généreuse et entière chez Céline Montaland, croquée par le pinceau virevoltant de Giovanni Boldini, timide et discrète chez Jeanne Samary vue par Renoir. Ces vedettes d’il y a cent ans n’avaient rien à apprendre de nos actuelles étoiles filantes du petit écran. Elles savaient parfaitement jouer de leur image au-delà des planches, comme le prouve l’album des portraits à collectionner vendu par Félix Potin, véritable recueil de figurines Panini avant l’heure…