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Expositions

Nouvelles du Japon

Derrière Hosoe ou Araki, auxquels on réduit trop souvent la création nippone, une jeune génération s’interroge sur les pouvoirs de l’image.


Narahashi Asako, Motobu extrait
de la série Half awake and half
asleep in the water
, 2002, tirage
couleur, 60 x 90 cm, coll. de l’artiste.
© Fondation du Japon, 2002.
PARIS. Les huit photographes réunis par Tarô Amano, conservateur du musée des beaux-arts de Yokohama et commissaire de l'exposition, ne définissent rien ensemble, sinon l'idée d'une pause, d'une rupture dans le désir de représentation. C'est le «Black Out» - titre de l’exposition -, amené par le constat très contemporain d'un excès d'images qui finit par tuer l'image. Un fil rouge qui relie huit styles différents, des instantanés d'Erika Yoshino aux cadrages minimalistes de la série blanche de Tomoko lsoda, et révèle certaines influences européennes ou américaines, comme le travail sur le temps (Keiji Tsuyuguchi), les paysages mi-urbains et déserts photographiés en couleur (Tomoki Imai, Risa Kayahara, Asako Narahashi). Aux extrêmes de ce premier aspect de la photographie japonaise contemporaine, le néoclassicisme de la longue série de Kôji Onaka et l'installation d'Haruna Kawanabe commandée pour l'exposition sont les points forts de l'accrochage. Exposées au Japon, les petites images noir et blanc d'Onaka trompent les visiteurs citadins qui croient y voir des photographies anciennes. Pourtant ces visions captées au jour le jour à la campagne, au bord de mer ou dans les quartiers populaires des villes sont aussi actuelles que les méditations de Tsuyuguchi. Elles donnent en tout cas une vision informelle et rare du Japon. Les quatre bandes noires d'Haruna Kawanabe qui ouvrent l'exposition sur trois pans de mur provoquent d'abord. Le noir presque total nous entraîne dans une nuit d'aveugle conduite par le repère d'une palissade à peine perceptible, par le contour intermittent du chien-guide. Plus dur encore que les perspectives obscures des voies de métro photographiées par Tomoko lsoda, le travail de Kawanabe est au cœur de ce «Black Out».


 Hervé Le Goff
27.02.2003