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Marché

Ozenfant de la patrie

Les ventes londoniennes d’art moderne n’ont pas eu le succès escompté mais ont marqué la réévaluation d’artistes français.


Pierre Bonnard, Porte-Fenêtre,
1932, huile sur toile. © Sotheby’s.
LONDRES. Christie’s avait été trop ambitieux en présentant sa vacation du 3 février comme la vente du siècle en Grande-Bretagne. Elle en attendait 50 millions £, qui se sont réduits après dix-huit coups de marteau concluants - laissant dix-neuf lots invendus - à 32 millions £. On remarque bien sûr que Femme dans un fauteuil (1932) de Picasso, qui présente sa jeune égérie de l’époque, Marie-Thérèse Walter, a été emporté à 4,4 millions £, dépassant de 10% son estimation basse. Mais Femme assise dans un fauteuil peint en 1941, toujours par Picasso - il s’agit ici d’une autre muse, Dora Maar - n’a pas atteint ce seuil : à 1,76 million £, l’acheteur a fait mentir les estimations de 2 à 3 millions £. Chez Christie’s comme chez Sotheby’s, on note en revanche les excellentes performances de Magritte et des surréalistes comme Ernst, ainsi que de quelques peintres français moins habitués aux feux de la rampe. Derrière Boudin, qui signe son record mondial, une poignée de billets sous le million de livres sterling (Scène de plage, 1865, 996 650 £, Christie’s), voici arriver Maximilien Luce et ses Bords de Seine à Herblay, envolés à 386 400 £ pour une estimation trois fois inférieure (Sotheby’s). Dans la même vente, c’est pour sa part en quadruplant, à 235 200 £, le prix envisagé qu’Amédée Ozenfant a établi son record personnel avec une Nature morte. Le lendemain, toujours chez Sotheby’s, Bonnard faisait de même avec sa Porte-Fenêtre de 1932. À 4,26 millions £, il trinquait avec Picasso…


 Charles Flours
25.02.2003