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Marché

Les visions de Michèle Broutta

La galerie parisienne, active depuis vingt ans sur le marché de la gravure, présente trois artistes «visionnaires».


Roberto Stelluti, La Comète,
aquatinte, 197 x 312 cm.
© Galerie Michèle Broutta.
Paris. La galerie Broutta a ouvert ses portes en 1981, dans une quartier très éloigné de Saint-Germain des Prés, pour présenter des graveurs contemporains. Michèle Broutta a commencé très jeune sa carrière dans l’édition d’art. En se familiarisant avec le travail des artistes autour du texte, elle découvre cette rigueur de la ligne qui caractérise les techniques de la gravure. «J’aime le trait. Lorque l’atelier de mécanique qui occupait l’arrière de nos locaux a fermé, j’ai choisi de transformer ce lieu en une galerie consacrée à la gravure. Dès 1982, nous présentions le travail de François Houtin.» C’était le début d’une grande histoire d’amitié entre cet artiste et la galerie qui exposait encore ses travaux en décembre dernier.

Des influences italiennes
«Dès les années 1970, j’ai prêté une attention particulière au mouvement surréaliste et aux débuts du courant visionnaire.». C’est en cela que l’exposition des œuvres d’André Beuchat, Roberto Stelluti et Jean-Pierre Velly est particulièrement intéressante : ils ont tous été formés sur les terres de Piranèse et adoptent pourtant des styles complètement différents. Sur les murs blancs de la salle principale, toutes les œuvres de dimensions similaires sont présentées dans un même style d’encadrement et, pourtant, le visiteur n’aura pas de mal à différencier les techniques et les thèmes caractéristiques de chaque artiste. Les eaux-fortes de Roberto Stelluti, pour la première fois exposées en France, s’inspirent des natures mortes classiques. Des bouquets de fleurs séchées évoquent le passage du temps, des chardons rappellent la passion du Christ (425 €), un lézard mort trouve sa place entre deux têtes de tournesols. Son maître, Jean-Pierre Velly, préfère le burin pour des compositions surprenantes comme L’Acrobate (1 300 €) ou Les Restes (1 300 €), œuvre témoignant de son intérêt pour le monde des insectes. Et comment ne pas penser aux plafonds en trompe-l’œil du XVIIe siècle lorsqu’on découvre l’univers architectural d’André Beuchat ? Dans Sancta Santorum (800 €), l’artiste associe à l’esprit baroque une note de science-fiction tandis que Le chat illuminé fait référence aux eaux-fortes de Rembrandt. Et le marché ? «Il y a toujours eu un marché de l’estampe en France. Mais il est, pour le moment essentiellement constitué d’acheteurs étrangers attirés par le travail de nos artistes. Les Américains, les Suédois, les Allemands et les Suisses sont les plus nombreux. Le Salon des l’estampe à Paris lui a donné une nouvelle impulsion. Beaucoup d’amateurs de gravures anciennes ont enfin pris connaissance qu’il existait aussi une création contemporaine».


 Stéphanie Magalhaes
22.02.2003