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Le marché américain recule encore en 2002. Chronique d'un déclin annoncé ?

Alors que le marché français de l'art aux enchères se refait une santé en pleine crise mondiale, le mouvement de baisse atteint plus particulièrement les États-Unis. Prémices d'un déclin ou d'un recul des marchés en général ?

De même que la hausse du chiffre d'affaires de fine art enregistrée en France en 2002 ne faisait que confirmer un mouvement amorcé depuis plusieurs années, la baisse de 13%, - contre 7,3% pour le marché mondial - affichée par les États-Unis, n’est pas le prolongement d’une tendance profonde. Passé de 1 474 à 1 071 millions $ entre 1999 et 2002, il est inférieur à ce qu'il était en 1996 C'est la Grande-Bretagne qui bénéficie, pour l'essentiel, du transfert correspondant. Et selon qu'on la considère comme une île ou une partie de l'Europe, on peut conclure que les Anglo-Saxons continuent de dominer le marché... ou que la «vieille Europe» devient le cœur du marché de l'art.

L'art et la Bourse
La comparaison entre l'évolution des indices des prix de l'art et de la Bourse est très intéressante. Alors que le même graphique pour la France publié la semaine dernière montrait que 100 € investis sur la Bourse française en juin 2000 en valaient 47,5 fin 2002, ils en valent encore 80,8 sur la Bourse de New York. La motivation à investir en art est moins forte. Autre différence fondamentale, alors que le CAC 40 plonge brutalement, le Dow Jones et l'indice des prix évoluent parallèlement. Confirmation d'un fait d'expérience, dès que la Bourse américaine faiblit, les achats d'art ralentissent.

La spécificité américaine
Les différences ne se limitent pas à la Bourse. Autre chiffre à retenir, la réduction draconienne du nombre des ventes cataloguées, qui ont presque diminué de moitié en 3 ans, passant de 4 252 en 2000 à 2 704 en 2001 et 2 295 l'an dernier. Le taux d'invendus a grimpé, montrant une plus grande selectivité des acheteurs, mais, à 23%, reste inférieur à la moyenne internationale, ce qui traduit le professionnalisme des auctioneers. Le nombre de transactions a diminué de moitié lui aussi, de 41 252 en 2000 à 21 190 en 2002, sans que le chiffre d'affaires soit affecté proportionnellement : la hausse des prix et la qualité des lots ont fait la différence. La répartition du marché n'est pas fondamentalement différente de celle du reste du monde, avec une place prépondérante pour la peinture, mais celle des lots par gamme de prix change tout. Le quart des lots a une valeur supérieure à 10 000 €, contre 11% pour le reste du monde. Un déclin donc très relatif. Dans les records des ventes de l'année, le dixième lot de la liste aux États-Unis est presque au double du prix du premier en France. La puissance économique du marché est toujours là, même si le dollar a changé. La baisse continue du nombre des ventes est un élément plus inquiétant qui peut s'étendre au reste du monde, la situation géopolitique aidant. Affaire à suivre.


 Jacques Dodeman
14.02.2003