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Patrimoine

Starck : un lion pour Venise

Le designer est l’inspirateur du nouveau logo de la ville.


© Thibaut Matthieu
VENISE. «Il n’a qu’une aile, comment peut-il voler ?» «Il est aussi barbu que le philosophe Massimo Cacciari, l’ancien maire». Si l’on se fie aux commentaires rapportés par la presse, les Vénitiens ne sont guère convaincus par le logo choisi par leur administration. L’idée du maire, Paolo Costa, était pourtant limpide. S’inspirant du coup de génie de Milton Glaser, il y a un quart de siècle, pour New York (le célèbre «I love NY», avec un cœur rouge à la place du verbe), il a voulu doter la Sérénissime d’un emblème immédiatement reconnaissable. Après un concours international qui s’est révélé infructueux, l’un des membres du jury, Philippe Starck, a proposé de superviser seul l’opération. Le créateur, qui bénéficie ces jours-ci - heureuse coïncidence - d’une rétrospective au Centre Pompidou, a convaincu les édiles et imposé deux ingrédients de base : un «V» - pour Venise - et un lion ailé, de face et non de profil, comme on a la mauvaise habitude de le représenter à Venise. Le vainqueur des consultations est un jeune designer français de 33 ans, Thibaut Mathieu, diplômé de l’École supérieure d’arts graphiques (ESAG), qui a travaillé pour Yves Saint Laurent, Jean-Paul Gaultier et… Philippe Starck. «Mon lion n’a qu’une seule aile ? Mais une image n’est pas faite pour voler, explique Thibaut Mathieu. Deux ailes auraient pu rappeler l’époque fasciste. Et l’asymétrie donne un aspect plus moderne. Il y a bien sûr eu des critiques. Mais je crois que les Italiens ont surtout été vexés de voir le logo réalisé par un designer français.» Ce lion qui a tout du chérubin - n’était sa pilosité abondante - doit maintenant se muer en ambassadeur de l’économie vénitienne. Il en coûtera pour qui voudra l’apposer sur ses prospectus. «À Venise, disait Cocteau, les pigeons marchent, les lions volent». Ou encaissent…


 Rafael Pic
28.02.2003