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Patrimoine

Oudry sauvé par l’automobile

La loi sur les trésors nationaux, qui permet à une entreprise de financer leur acquisition pour le compte d’un musée, est inaugurée avec Les Divertissements champêtres.


Jean-Baptiste Oudry, Les
divertissements champêtres,
la musique
(détail)
© H.Lawandowski / RMN.
PARIS. «L’État n’a pas le monopole de l’action culturelle», a déclaré Jean-Pierre Raffarin le 11 février à l’occasion de la réception par le Louvre d’un «trésor national», acquis grâce au mécénat de PGA Holding, une importante société de concession automobile. Pour cette première application de la nouvelle forme de mécénat instaurée par la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, le Premier ministre a tenu à être présent, aux côtés des ministres de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, et du Budget, Alain Lambert. Ces Divertissements champêtres, peints par Jean-Baptiste Oudry vers 1720-1723 pour le château de Voré, dans l’Orne, sont constitués de neuf panneaux de 3,65 mètres de haut. C’est l’un des derniers exemples que l’on conserve de ces décors d’arabesques, si en vogue dans le premier tiers du XVIIIe siècle. Ceux peints par Watteau ou Lancret ont disparu. L’intérêt exceptionnel de cet ensemble a amené la ministre de la Culture à interdire son exportation en 1999, lorsque les propriétaires ont souhaité s’en dessaisir, et à le qualifier de «trésor national».

Une affaire rondement menée
Pierre Guénant, le dirigeant de PGA Holding, est, par coïncidence, un camarade de promotion de Jean-Pierre Raffarin à l’École supérieure de commerce de Paris. Le montant du mécénat n’a pas été divulgué mais serait supérieur à 3 millions €. Il aura fallu attendre l’instruction fiscale du 24 octobre 2002 pour initier l’opération. À compter de cette date, deux mois ont suffi pour boucler le dossier. «Je tiens à convaincre mes pairs chefs d’entreprise de l’intérêt de cette mesure et ne compte pas m’arrêter à cette action», a précisé Pierre Guénant. Sa société bénéficiera d’une réduction d’impôt à hauteur de 90% du montant investi (sans que cette réduction ne puisse dépasser 50% de l’impôt dû). Il s’agit en outre d’une opportunité de communication pour l’entreprise, qui peut apposer son logo dans les salles d’exposition ou reproduire les œuvres sur ses propres supports de communication. Cette mesure est en vigueur jusqu’au 31 décembre 2006. On suivra avec attention le sort d’une huile des frères Le Nain, Le Reniement de saint Pierre. Le refus de certificat, d’une durée de trente mois, a expiré le 24 février 2003. Elle peut donc désormais quitter le territoire national. À moins qu’un chevalier blanc…


 Yann Queinnec
Landwell & Associés - Avocats
06.03.2003