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Expositions

Vincent et les autres

De Rembrandt à Hiroshige, en passant par de modestes suiveurs, quels artistes ont influencé Van Gogh ?


Charles Angrand (1854-1926),
Jeune Fille aux poules
, 1884,
huile sur toile, 53,8 x 65 cm.
© Copenhague, Ny Carlsberg
Glypotek.
AMSTERDAM. Rembrandt, Delacroix, Millet, Gauguin, Hiroshige : tels sont cinq des artistes les plus souvent cités par Van Gogh, au fil des nombreuses lettres qu’il envoya - à son frère essentiellement - durant sa courte vie (1853-1890). C’est dans ces pages magnifiques que les commissaires de l’exposition sont allés à la pêche, afin d’imaginer un nouvel événement, susceptible d’attirer la foule. Parmi les 1 100 individus cités au total, le choix s’est porté sur les grands maîtres de l’histoire de l’art mais également, hélas, sur des seconds couteaux, des XVIIe au XIXe siècles. La centaine d’œuvres ainsi choisie est confrontée à une trentaine de toiles signées Vincent, sur deux étages, mis en scène par Thierry W. Despont (le restaurateur de la statue de la Liberté et le décorateur, notamment, du Getty Museum de Los Angeles).

Le meilleur, et du moins bon...
Jeux de murs tendus de velours rouge, façon XIXe siècle, et d’alcôves bleues à baies provençales, le parcours est varié, au risque du kitsch. D’abord, des gravures, collectionnées par Vincent alors qu’il travaillait pour la maison d’édition Goupil. Puis, des toiles, regroupées par thème. Les scènes religieuses imaginées par Scheffer font pâle figure aux côtés de la Lamentation du Christ de Rembrandt. Les nuages d’un dénommé Michel s’étiolent près de ceux, magiques, de Ruisdael. La plus étonnante confrontation réunit deux autoportraits, l’un de Rembrandt, l’autre de Van Gogh. Deux regards fixes, dont on aurait adoré voir ici réunies les différentes versions. La dernière partie de l’exposition est plus pertinente : elle juxtapose des toiles réalisées par Van Gogh et ses contemporains, à partir de thèmes communs tels que la place Clichy ou une cafetière bleue. On termine toutefois la visite en se disant que plus que la nature, c’est la peinture qui a nourri Vincent. Le mythe de l’artiste sauvage a décidément fait son temps.


 Françoise Monnin
04.03.2003