Accueil > Le Quotidien des Arts > Occident - Orient, regards croisés

Expositions

Occident - Orient, regards croisés

Établir un bilan de la création contemporaine en Europe et au Japon ? Un pari difficile à relever, en raison d’une sélection trop restreinte.


BORDEAUX. New Trends en est à sa seconde édition. Ce projet a été lancé en 2001 par des diplomates européens installés au Japon, qui avaient demandé à l’Art Front Gallery de Tokyo de piloter une exposition sur les tendances actuelles en architecture. Pour le cru 2002, ce sont le Japonais Toyo Ito, le Belge Bob van Reeth et l’Espagnol Alejandro Zaero-Polo de Foreign Office Architects qui ont effectué la sélection. Les critères de choix sont flous : il s’agit d’être jeune et d’incarner le courant contemporain de son pays, tous programmes confondus… Parmi les dix-neuf équipes, on trouve des architectes connus comme Lacaton et Vassal pour la France (maison à Coutras, 2000), Abalos & Herreros pour l’Espagne (salle municipale à Colmenarejo-Madrid, 1999) ou Sejima & Nishizawa pour le Japon (Musée du XXIe siècle, à Kanazawa, 2004). Heureusement, l’invitation de pays souvent oubliés des publications permet de découvrir une partie de la nouvelle garde européenne, représentée par le Grec Yannis Aesopos ou le Portugais Aires Mateus. Le projet de logement de ce dernier à Alenquer est une surprenante imbrication de volumes blanchis, en équilibre les uns par rapport aux autres. La démarche urbaine des Luxembourgeois Ney & partners est traduite par le bâtiment Elena à Bruxelles qui combine bureaux et logements sur des parcelles très étroites.


Des espérances déçues
Confronter les orientations européenne et japonaise et tenter d’en tirer des tendances relève d'une bonne intention, mais le résultat n’est pas à la hauteur des espérances. La sélection a été trop drastique : les trois commissaires-conseils n’ont eu droit qu’à une équipe par pays de l’Union européenne, ce qui a exclu de fait la Suisse, l’Europe de l’Est, la Norvège. Du côté japonais, le quota de cinq architectes permet une vision plus ample. Le Centre d’architecture de Bordeaux imagine une installation renouvelée dans les anciens entrepôts Ferrère du CAPC sous forme de lampes cylindriques, dont le support souple et translucide présente les images - plans, coupes, photographies des projets de chaque équipe. Certes légère, cette scénographie trouble le regard et donne une vision déformée des bâtiments. L’an prochain, Arc en Rêve souhaite mettre en place un cycle d’expositions transversales intitulées «Nord-Sud/Est-Ouest». Souhaitons que l’approche en soit plus convaincante.


 Rafaël Magrou
04.03.2003