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L'Entente cordiale version tweed

Contre les excentricités des créateurs de mode anglais, il existe encore une maison garante de la pérennité du bon goût britannique...

La luxueuse enseigne surplombe depuis 1867 un immeuble du boulevard des Capucines à Paris, à proximité du lieu où Nadar avait jadis son atelier. Gare aux apparences : malgré la présence des armes de la couronne britannique et de devises telles que «Quality first», la maison, fondée par un certain Alexandre Henriquet, est bien française. Profitant d’un assouplissement des relations avec la Perfide Albion sous le Second Empire, l’ancien acheteur au Bon Marché a habilement surfé sur la vague de la mode anglaise, qui aurait été introduite en France par le fougueux Philippe Egalité, en réaction aux perruques poudrées de la cour.

Quand la Royal Navy s’en mêle...
Photographies anciennes de papes de l’élégance (le duc de Windsor, Oscar Wilde, David Niven ou encore Cecil Beaton), illustrations stylisées des années vingt de la revue Monsieur dues à Pierre Mourgue ou Boutet de Montvel et photographies de la collection ponctuent le récit de l’histoire de cette maison, qui mêle sa trame à celle de l’histoire de la mode et à la grande histoire, avec une extraordinaire stabilité. On y trouve toujours tweeds, cashmere et tartans en tous genres, mais aussi un produit phare, le duffle-coat, ce vêtement de marin tissé dans le village belge de Duffel, adopté par la Royal Navy et «lancé» par le maréchal Montgomery, le vainqueur de Rommel en Afrique du Nord. À ceux qui jugeraient démodée cette ambassade du savoir-vivre britannique, Eric Deschodt rétorque sans rougir que cette élégance demeure «l’accomplissement de l’homme civilisé» et Old England son conservatoire. Vous avez dit «Vieille Europe» ?


 Sophie Flouquet
27.02.2003