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Expositions

Les années Arnal

Initiative originale à la galerie d’arts primitifs Ratton-Hourdé : une rétrospective d’art contemporain étendue sur une année entière.


François Arnal, Entre deux murs,
série Elémentaires, 2 m x 2 m.
© Galerie Ratton-Hourdé.
PARIS. François Arnal a une belle tête de sculpture de proue. Son art est à l'image de l'homme : inclassable, fouetté par les vents du grand large. Difficile donc de le cirsconscrire. À telle enseigne, que le galeriste Philippe Ratton a décidé d'exposer pendant un an l'artiste en le découpant en six périodes - et autant d'expositions - de mai 2002 à mai 2003. On peut être surpris que l'un des tenants de l'abstraction lyrique trouve sa place dans une galerie d'arts primitifs. Philippe Ratton s’en explique : «J'ai eu un coup de foudre : sa façon de garder ses séries de tableaux comme des bons vins, cela m'a donné envie de voyager avec lui : je montre 10 ans de sa création tous les 2 mois». On peut donc actuellement voir de grandes toiles qui couvrent la période de 1975 à 1982, avec les séries Voyeurs, Champs voilés et Elémentaires, des compositions épurées, fluides, graphiques-calligraphiques même.

Talentueux, et méconnu
Arnal est passé du primitivisme (1948-1949) à l'organique de la matière lourde et dense (1952-1957), pour arriver au signe qui traverse la toile nue pénétrée par des taches de couleur incandescentes. Ses compositions se marient ici avec quelques sculptures africaines qui projettent leur ombre dansante sur la toile écrue, comme si l'Asie rejoignait l'Afrique. Cela ne peut que plaire à Arnal qui a beaucoup voyagé et n'a jamais cherché à plaire. Après avoir fondé l'Atelier A en 1969 avec Adzak, Arman, Brusse, Annette Messager et Kowalski, il s'est arrêté de peindre entre 1971 et 1976 et a fait des incursions dans la sculpture. Peu d'artistes contemporains vivants peuvent se prévaloir d'une retrospective étalée sur un an. C'est là que réside le mystère : Arnal est reconnu, apprécié, présent dans les collections. Pourtant, sa cote est loin d'être au niveau de son talent. Les toiles de petit format, comme Croix sur points noirs (1981, 50 x 84 cm), se vendent 6 000 €, Montagne verte (1981, 82 x 99 cm) vaut 8 000 € et la grande composition Les Anneaux d'or (1982, 239 x 92 cm) est estimée à 25 000 €.


 Brigitte Camus
28.02.2003