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Patrimoine

La chute de la maison Iolas

L’État grec pourrait transformer la villa du célèbre collectionneur en musée d’art moderne.


ATHÈNES. Alexandre Iolas (1908-1987) fut un grand donateur du Centre Pompidou. Il fonda des galeries à Paris, New York, Rome, Milan, Madrid et Athènes, et contribua à la reconnaissance internationale d’artistes tels que Magritte, Ernst, et Niki de Saint Phalle. Après sa mort, sa maison, qui avait accueilli Noureiev, Warhol et De Chirico, et abrité des œuvres de Rauschenberg, Picasso ou Man Ray, a succombé à l’avarice des héritiers et à de multiples actes de vandalisme, malgré son classement comme monument historique en 1998. D’une surface de 1250 m2, toute revêtue de marbre, elle a longtemps été attribuée à Dimitris Pikionis, pionnier du Mouvement moderne en Grèce. Mais le rapport officiel de Vanda Alectoridès, membre du comité de classement, fait état de la collaboration de plusieurs architectes et notamment de Pavlos Kalantzopoulos, un élève de Pikionis, qui aurait mis la dernière main à la villa.

Adieu Fontana
La lutte pour sa protection a commencé en 1994, quand la commune d’Aghia Paraskevi, où elle se situe, a symboliquement installé un cadenas à l’entrée du terrain. Le classement l’a sauvée de la démolition. Mais quel sera son avenir ? L’État s’y intéresse et serait prêt à la racheter pour environ 2,5 millions €. Dans le climat de renouveau culturel qui accompagne la préparation des Jeux olympiques de 2004, elle pourrait être transformée en musée d’art moderne ou en centre culturel. Mais les six mille œuvres d’art inestimables, exportées et vendues par les héritiers, ne reviendront jamais… D’après Nikos Stathoulis, le biographe du mécène, deux cents œuvres, confisquées, ont été conservées dans un dépôt, seul espoir pour le musée en gestation. Le reste a échappé à la taxation, grâce aux bons soins du comité d’État, chargé en 1987 de l’évaluation des pièces. Dans ce rapport, on lit quelques perles - ainsi actualisées en valeur monétaire - comme «Beckmann, 1000 €». Ou encore : «Fontana, toile trouée d’artiste inconnu, 10 €»…


 Marina Varouta
19.03.2003