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Orlan déchire l’écran

Célèbre pour ses performances depuis 10 ans, l’artiste est le sujet d’un film qui sort prochainement. Âmes sensibles s’abstenir !


Orlan est partout. À la FIAC, où elle expose ses photographies, dans l’équipe pédagogique du Palais de Tokyo, à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, où elle enseigne... De plus en plus en connue, de plus en plus âgée... Depuis sa première performance, en 1964 (Orlan accouche d’elle-même), la manière dont elle utilise son corps intrigue, écœure ou subjugue. Orlan, Carnal Art, le film qui lui est aujourd’hui consacré, est essentiellement constitué de documents d’archives, tournés au début des années 1990, lors des performances les plus spectaculaires, et durant un séjour à Madras. Ces témoignages sont montés bout à bout, entrecoupés d’entretiens avec des critiques d’art (Pierre Restany, Barbara Rose ou Gladys Fabre), écrivains (Serge François), galeristes et artistes, tous convaincus de l’intérêt du travail d’Orlan.

Scalpel et beaux chiffons
Au son, à la longue agaçant, de coups d’archet nerveux, de violons plaintifs, défilent ainsi les temps forts de l’aventure orlanesque : selon les consignes de l’artiste, des chirurgiens s’attaquent à ses cuisses, son menton ou ses lèvres, afin de les transformer. Anesthésiée localement seulement, Orlan, avec un incroyable sang-froid, conseille en direct les médecins, lit des textes de Michel Serres, conte une histoire de vizirs qui s’ennuient et de jeunes filles très belles, ou répond à des questions. Journalistes du monde entier et conservateurs de musées, réunis pour l’occasion - par exemple, au Centre Pompidou, et communiquant en duplex (1993) - l’interrogent sur son «art». L’œuvre, féministe et didactique, est cohérente. Elle critique la notion occidentale de Beauté. Les images filmées durant les performances, très dérangeantes, associent des gestes médicaux avec des éléments gracieux, tels que des vêtements signés Courrèges ou l’intervention d’un danseur, dans la salle d’opération. L’ensemble rend hommage à l’artiste, unilatéralement. 75 minutes durant, c’est long ! Aucune réprobation. Rien, non plus, sur la biographie d’Orlan. Cela manque, hélas... cruellement.


 Françoise Monnin
07.03.2003