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Musées

Luther en sa maison

À Wittenberg, l’ancien monastère du réformateur, transformé en musée, a ouvert ses portes le 7 mars.


WITTENBERG. Parquet en chêne, lumière du jour exclusivement, dimensions intimes : rien n’a bougé, dans la chambre où travaillait Luther, il y a plus de quatre siècles. Seule concession au confort : un poêle en céramique, installé en 1604, 58 ans après la mort du théoricien de la Réforme. Cette chambre s’inscrit désormais au cœur d’un musée, déployé sur les deux étages du monastère où Luther, après avoir été moine augustin, s’était installé avec femme et enfants. Le prince de Saxe lui avait offert l’endroit, déserté par les religieux, en 1532. Transformé en pension pour les étudiants en théologie de son université, la maison de Luther est devenue ensuite une école libre, agrémentée en 1883 d’une «salle Luther» néogothique. Ce premier musée, modernisé cent ans plus tard, accueillit dès lors 65 000 visiteurs par an. De quoi donner envie au gouvernement fédéral, et à la région, d’investir 7,5 millions €.

L’appel divin des Cranach
En 2000, les travaux ont commencé, sous la houlette du cabinet Petz & Hoh de Berlin, connu pour y avoir restauré le palais présidentiel. Quelques cloisons de béton brut et de verre, érigées dans l’entrée, ont permis de faire le lien entre deux corps de bâtiments, sans les dénaturer. Et de retrouver, en creusant les fondations, les ruines de la tour dans laquelle Luther avait entendu l’appel divin ! Des éléments de fresques ont également été mis au jour et préservés. Les collections municipales se déploient désormais au fil de salles sombres, dont les vitrines sophistiquées protègent de rarissimes manuscrits et imprimés (14 000 en réserves). Cent cinquante peintures - dont vingt issues de l’atelier de Cranach, autre célèbre Wittenbourgeois - sont présentées, avec cartels bilingues allemand/anglais et audioguide en français. Un centre de recherches et une documentation multimédia complètent le tout. «Reste à remettre en état le cellier et le jardin», affirme, confiant, le conservateur, Martin Treu. Les 100 000 visiteurs qui viennent, en juin, assister au défilé costumé des «Noces de Luther», apprécieront.


 Françoise Monnin
13.03.2003