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Musées

Les scarabées de la reine

L’Anversois Jan Fabre signe sa dernière œuvre entomologique dans la salle des Glaces du Palais royal de Bruxelles.


Salle des Glaces, Palais royal
de Bruxelles. © Dirk Braeckman
& Régie des Bâtiments.
BRUXELLES. Lorsque Léopold II et son architecte Henri Maquet ont consacré cette salle d’apparat au thème du Congo, ils ne se doutaient certainement pas que son plafond serait un jour recouvert d’aîles de Sternocera acquisignata. «La commande de cette œuvre a fait suite à l’intérêt de la reine Paola pour le travail de Jan Fabre et à sa volonté de donner une place à l’art contemporain dans les salles du palais royal», explique Johan Vanderborght, porte-parole de la Régie des bâtiments. Durant trois mois, l’artiste anversois a relevé le défi : il a recouvert la voûte en berceau, les deux arcs verticaux et le lustre central d’élytres de scarabées thaïs de 27 millimètres de long. Outre de la patience, il aura fallu 1,4 million d’aîles de ces coléoptères et l’assistance d’une trentaine de collaborateurs pour venir à bout de cette entreprise. Certains voient dans ce projet artistique des éventails, d’autres des anges, des feuillages et parfois même des formes d’insectes…

Le Ciel des délices
À l’image des artistes de la Renaissance, Jan Fabre a plusieurs casquettes : metteur en scène, chorégraphe, compositeur d’opéra, auteur, scénographe, dessinateur et sculpteur. Dès la fin des années 1970, ses dessins reflètent déjà son intérêt pour les insectes, tandis que des sculptures en mosaïque de scarabées apparaissent vers 1990. Où trouve-t-il ces matériaux ? Dans les cuisines de restaurants indonésiens ou thaïlandais. Porte-bonheur chez les Égyptiens, symbole de résurrection chez les chrétiens, le scarabée représente, pour l’artiste, le corps spirituel. Le décor du Palais royal représenterait l’ultime étape de son œuvre. Pourquoi les défenseurs de la nature ne se manifestent-ils pas ? Parce que l’artiste n’utilise que des espèces non protégées…


 Stéphanie Magalhaes
08.03.2003