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Expositions

Travailleurs de l’au-delà

La collection des chaouabtis du Louvre révèle les mystères du voyage initiatique vers le monde des morts.


Dans la première vitrine, le visiteur est plongé dans les croyances funéraires par l’évocation d’une tombe telle que les archéologues la découvrent à son ouverture. Autour du sarcophage s’organisent des vases canopes, des rouleaux de papyrus et de petites statuettes en terre cuite éparpillées au sol : les chaouabtis. Selon le chapitre 6 du Livre des morts, ces serviteurs se chargeaient des travaux agricoles à la place du défunt. S’ils apparaissent à la fin du Moyen Empire sous la forme de statuettes momiformes portant la houe et le sac de graines, dès le Nouvel Empire les serviteurs revêtent le costume du vivant. Chaque statuette porte sur son corps le nom du défunt qu’elle représente. On peut ainsi identifier les chaouabtis d’Akhénaton, de Séthi Ier ou de Toutânkhamon. Si les formes sont très proches les unes des autres, les matériaux, au contraire, varient : bois, faïence, pierre ou, plus rarement, métal.

Chaouabtis sexistes ?
Des coffrets peints en forme de chapelle et des tablettes évoquant des contrats de travail avec des artisans pour la conception confirment l’importance de ce rituel dans la culture égyptienne. Bien qu’aucune trace de fabricant n’ait été trouvée, on suppose aujourd’hui que des ateliers royaux ou religieux avaient la charge de leur production. Au centre de l’exposition se trouve l’impressionnante troupe de serviteurs funéraires reconstituée à partir de deux tombes de la Basse Époque : celle de Néferibrêemheb et d’Horemakhbit. Au nombre de quatre cent trente-huit, les chaouabtis de faïence se divisent en ouvriers et en chefs de taille supérieure qui prennent place à l’avant de cette armée en rangs serrés. Debout sur un socle, les statuettes portent toutes une houe et un pic. Dans les vitrines consacrées au tombes royales, le visiteur peut admirer la statuette en faïence égyptienne bleue de Séthi Ier coiffée du némès (coiffe des pharaons) ou s’interroger sur l’identification du chaouabti de Néfertiti. Certains mystères égyptiens restent encore à percer : la présence de bitume sur des chaouabtis en bois indique-t-elle un rituel symbolique ou s’agit-il d’un revêtement empêchant une réutilisation ? Alors que la majorité des statuettes représentent des hommes, comment expliquer que les chaouabtis de sexe féminin ne sont que rarement promus au rang de contremaîtres ?


 Stéphanie Magalhaes
08.03.2003