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Patrimoine

Ces escaliers qu’on abat

Alors qu’il était en instance de classement, un chef-d’œuvre du ferronnier Raymond Subes vient d’être démoli à Caen.


CAEN. La Chambre de commerce et d’industrie de Caen, œuvre au début des années 1950 de Guy Morizet et Jacques Laloue, a souvent été prise comme modèle de l’architecture de la reconstruction. L’un de ses éléments les plus marquants était l’escalier en forme de point d’interrogation enchâssé dans des parois en briques de verre, dont la ferronnerie était signée Raymond Subes. Un escalier qui n’est plus depuis quelques jours… Le promoteur est évidemment à blâmer : s’étant porté acquéreur de l’immeuble au deuxième semestre 2000, il en a pris possession au début du mois de janvier 2003, lorsque les services de la Chambre de commerce ont été réinstallés à Saint-Contest, dans la périphérie de Caen. ll lui a alors fallu moins d’un mois pour démolir un élément essentiel sur lequel le fils de Guy Morizet, lui-même architecte, avait pourtant attiré son attention dès septembre 2000. Mais peut-être était-ce de la part de Bouygues une mesure «préventive»… Une décision de classement aurait en effet pu compliquer la transformation de cet ensemble de 3500 m2 en centre commercial. Décision de classement que l’État s’apprêtait effectivement à prendre mais qu’il n’a communiquée à Bouygues Immobilier que le 13 février, un mois après le début des travaux, menés tambour battant à ce qu’il semble. Tout le monde pourra donc exciper de sa bonne foi : l’État a fait son devoir et le promoteur ne savait pas. Seule victime, l’escalier…


 Rafael Pic
12.03.2003