L’Eure de la Haute-Époque

LOUVIERS. Chaudrons, pages enluminées, bougeoirs, coffres en bois, éléments architectoniques, feuillets de diptyque en ivoire… Cent cinquante pièces du XVe au XVIIe siècle vont être dispersées par Jean-Emmanuel Prunier. On remarque un cabinet d’apparat anversois du XVIIe siècle à placage d’ébène et d’écaille rouge. Vantaux et tiroirs sont enrichis de treize sujets mythologiques peints sur cuivre et attribués à Van Balen. Dans le registre pictural, d’autres œuvres méritent d’être signalées. C’est le cas du Saint André de José Rodríguez Juárez (9 000 €), le peintre baroque mexicain chargé de la réalisation de retables pour la cathédrale de Mexico, ou du Couronnement de la Vierge, une composition monumentale qui s’inscrit dans la tradition des primitifs flamands (107 000 €). Quant au Portrait de jeune homme attribué à Sébastien Bourdon (76 000 €), assez proche de L’Homme aux rubans noirs conservé au Musée de Montpellier - la ville natale de Bourdon -, il est caractéristique de l’influence qu’exerça le clair-obscur caravagesque sur l’art européen de la seconde moitié du XVIIe siècle.

Du baptême du Christ au Christ de pitié
Les sculptures proposées méritent également toute l’attention. «Depuis cinq années que nous développons les ventes Haute-Époque, nous enregistrons de beaux résultats dans le domaine de la statuaire. On peut rappeler le succès du Saint Cosme normand du XIVe siècle, vendu pour 91 500 € ou celui d’un retable bruxellois de la Passion du Christ de la fin du XVe siècle, adjugé 260 000 €», commente Jean-Emmanuel Prunier. Cette fois-ci, on peut noter la présence d’un Christ de Pitié en bois polychrome des années 1500-1550 (10 000 €) et d’une Vierge à l’Enfant dont le déhanchement et les drapés maniéristes sont typiques de l’école de Troyes à la Renaissance (9 000 €). L’œuvre la plus attendue n’en demeure pas moins une paire de groupes sculptés à la fin du XVIe siècle en Espagne. Traitées avec un grand réalisme, les scènes du Baptême du Christ et de la Transfiguration se dégagent en très haut relief sur des fonds d’or hachurés. Cet ensemble estimé à 53 000 €, dont la vente est annoncée par le ministère de la culture espagnol, pourrait bien rejoindre une collection publique de la péninsule ibérique…