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Expositions

Carolus-Duran et compagnie

Trois expositions ressuscitent un maître du XIXe siècle. À raison, et à tort.


L'assassiné, 1866
© Françoise Monnin
Mademoiselle Croisette, actrice, belle-sœur du peintre, en amazone, sur la plage, en 1873 : «Un chef-d’œuvre», s’émeut l’historienne d’art Annie Scottez De Wambrechies. Le vent soufflant sur le paysage, derrière la Croisette, rappelle qu’alors l’impressionnisme naissait. Parmi les 140 œuvres réunies à Lille, seuls de rares petits paysages témoignent d’une modernité, d’une liberté. Le reste est charmant. Trop. Célèbre pour ses portraits mondains, cet ancien directeur de l’Académie de France, souvent médaillé au Salon, aimait l’orgue, l’escrime, le théâtre - Feydeau sera son gendre - et cavaler au bois de Boulogne. Après des débuts difficiles, avec l’aide du critique d’art Astruc, Charles Durant a pris un pseudonyme, a connu les honneurs. Fréquentant Manet ou Monet, il n’en n’est pas moins demeuré asservi à ses commanditaires, les flattant dans des portraits frisant, parfois, le kitsch, flirtant, d’autres fois - notamment lorsque le modèle est un enfant -, avec la grâce. Roubaix propose une exposition plus surprenante, consacrée à la Société nationale des beaux-arts, dont Carolus fut un artisan. Cette dissidence du très officiel salon accepte, dès 1890, des artistes étonnants et des artisans d’art : Boudin, Bonnard, Rodin, Laboureur, Gallé... À Tourcoing, on s’est inspiré des notions de théâtre, mondanité et portrait, pour une présentation d’art actuel judicieuse, avec Warhol ou Cazal : Carolus-Duran à la mode du XXIe siècle. Fuieusement tendance !


 Françoise Monnin
14.03.2003