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Grenoble, l’art contemporain pense contemporain

Quelque 1 500 œuvres présentées en permanence sur une surface de 18 000 m2 : le Musée de Grenoble possède l’une des plus riches collections d’art moderne et contemporain de France.


© Musée de Grenoble
Le Musée de Grenoble est le plus ancien musée d’art moderne de France. Fondé en 1796 par Louis-Joseph Jay, il rassemble d’abord des œuvres collectées grâce à des fonds privés ainsi que d’autres déposées par l’État suite aux saisies révolutionnaires. Tout au long du XIXe siècle, l’afflux des dépôts et des dons est essentiel dans la constitution de la collection, celui du général de Bellier en particulier, donateur des quatre œuvres de Zurbaran. Un musée spécifique voit le jour en 1876 pour abriter les collections conservées jusque-là dans l’ancien collège des jésuites. Construit par Charles Auguste Questel, il demeure longtemps un exemple d’architecture muséale en Europe. Avec la nomination d’Andry Farcy à la tête du musée en 1919, l’art contemporain fait une entrée en force, avec de premiers achats à Picasso, Zadkine et Matisse, puis avec le prestigieux legs Agutte-Sembat en 1923. Depuis, le musée a pris une orientation résolument contemporaine dans ses achats, ce qui lui a valu de nombreux dons d’artistes, tel celui de 1987, par le groupe Abstraction et Carré. À la fin du XXe siècle, la collection a pris tant d’ampleur qu’un nouveau musée est envisagé, en plein centre-ville et sur les bords de l’Isère. Le projet, de 1983, trouve son accomplissement en 1994, date d’achèvement du musée actuel. Le bâtiment est réalisé par un trio d’architectes grenoblois : Olivier Félix-Faure, du Groupe 6, Antoine Félix-Faure et Philippe Macary. Conçu comme une architecture ouverte sur la ville et la rivière, le nouveau musée déploie ses collections anciennes et ses salles d’expositions temporaires autour d’une grande galerie centrale, donnant sur un bassin. L’art moderne et contemporain investit la partie courbe qui longe l’Isère et ménage des aperçus sur la rivière. Un parc de sculptures vient achever l’ensemble, introduisant dans le cœur de la cité une tradition venue d’Otterlo, d’Anvers, ou, plus proche, de Saint-Paul-de-Vence. L’art contemporain, vivant, en pleine ville.

Trois questions au conservateur

Guy Tossato : une ouverture à l’art vivant

Vous êtes à Grenoble depuis mai 2002. Qu’avez-vous entrepris et quels sont vos projets ?
Guy Tossato.
Après l’exposition sur la Nouvelle Objectivité, nous devrions présenter cet été des tableaux de Matisse du Musée de l’Orangerie, avec deux grandes baigneuses de Picasso des années vingt. Nous restons dans la même thématique… Cela nous donnera l’occasion de présenter l’ensemble des Matisse du Musée de Grenoble, puisque nous avons beaucoup d’œuvres sur papier. Pour la rentrée, nous prévoyons une exposition consacrée aux travaux récents de Thomas Schütte, qui est à la fois sculpteur et dessinateur. Il y a également là un lien avec la Nouvelle Objectivité puisqu’il se réclame des artistes des années 1920, prônant un retour au réalisme et en même temps une forme d’engagement social et politique. Fin 2003, nous présenterons un hommage à Georgette Agutte et Marcel Sembat : ce sera le quatre-vingtième anniversaire du célèbre legs.

Avez-vous l’intention de compléter la collection d’art moderne et contemporain ?
G. T.
Absolument, nous nous situons dans la lignée d’Andry Farcy, qui est un peu la référence de tous les conservateurs qui se sont succédé à la tête du Musée de Grenoble, c’est-à-dire dans une ouverture volontariste et engagée vis-à-vis de l’art vivant, de l’art en train de se faire. Avec, de temps en temps, des retours en arrière, puisqu’il faut bien parfois combler certaines lacunes.

À quels artistes ou quelles tendances donneriez-vous priorité ?
G. T.
Il y a évidemment le travail tourné vers de jeunes créateurs. Mais nous allons aussi essayer de combler quelques lacunes dans le domaine de l’art de ces trente dernières années, c’est-à-dire des créateurs toujours vivants mais qui sont déjà des artistes confirmés. Je pense à Sigmar Polke, par exemple, dont je rêverais d’acquérir une grande peinture, ce qui est évidemment très onéreux.

L’œil du visiteur

Musée de Grenoble - 5, place de Lavalette - 38 000 Grenoble, tél. : 04 76 63 44 44, tlj, sf. mardi, de 10 h à 18 h 30, tarif : 5 €, tarif réduit : 3 € ; tarif étudiant : 2 €. Gratuit les premiers dimanches de chaque mois et gratuité sous certaines conditions.
Vestiaire : oui, à l’entrée
Accès handicapés : oui
Plan : oui
Audioguides : non
Fiches de présentation : par thèmes, uniquement en français
Signalétique : cartels lisibles à hauteur du regard
Éclairage : lumière naturelle zénithale indirecte, lumière électrique dans certaines salles
Accrochage : chronologique, par écoles, muséographie sobre qui laisse respirer les œuvres sur des murs blancs
Activités pédagogiques : visites-conférences pour les collections permanentes et les expositions temporaires. Visites guidées proposées aux comités d’entreprises, aux associations et comités sociaux, aux groupes d’étudiants. Ateliers pour les enfants, intensifs en périodes de vacances. Concerts en lien avec le programme des expositions. Films projetés à la cinémathèque de Grenoble selon le programme des expositions
Restauration : café-restaurant
Boutique et librairie : nombreux ouvrages, catalogues et produits dérivés en lien avec les collections, les expositions ou l’actualité des expositions de la RMN, ouvrages de références sur l’art moderne et contemporain
Auditorium : oui
Parc de stationnement : oui
Site internet : www.museedegrenoble.fr. Histoire du musée et présentation des collections, de son actualité, de ses récentes acquisitions et des activités. Il manque une version anglaise pour un musée à vocation internationale.
Bibliothèque : ouverte les lundi, mercredi, jeudi et vendredi, de 14 h à 18 h. Comprend plus de 50 000 ouvrages
En lien avec le musée : Société des amis du Musée de Grenoble, tél. : 04 76 63 44 29
Musée en musique - 50, quai de France - 38000 Grenoble, tél. : 04 76 87 77 31

Accueil, services : ***
Informations, publications : ***
Muséographie : ***
Site internet : ***


 Emmanuelle Amiot
15.03.2003