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Derrière les toiles de Van Gogh

Autodidacte accompli, le peintre des Tournesols et des nuits étoilées a su mettre à profit sa curiosité artistique et son goût pour la littérature.

Employé par Goupil et Cie à La Haye dans les années 1870, Van Gogh se familiarise très tôt avec les gravures. Lors de ses voyages à Londres et à Paris, il visite les grands musées, comme la Royal Academy ou le Louvre, et se forge ainsi une solide connaissance des maîtres anciens, sans oublier les artistes contemporains qu’il découvre au Musée du Luxembourg. Dans les années 1880, alors qu’il entame sa carrière de peintre aux Pays-Bas, ses sources d’inspiration se limitent aux reproductions en noir et blanc qu’il trouve dans les livres. Ainsi, il admire les talents de coloriste de Delacroix sans avoir vu une seule de ses œuvres peintes originales. Agréable à feuilleter - les illustrations sont nombreuses - comme à lire - chaque chapitre est enrichi de citations tirées de la correspondance de l’artiste - cet ouvrage permet d’aborder des thèmes rarement étudiés : ses maîtres, ses convictions religieuses et ses gravures. On découvre alors des avis très prononcés sur l’art. S’il idôlatre le travail de Delacroix, il s’élève ouvertement contre le «delarochisme» et les peintres du «juste milieu», comme Scheffer ou Gérôme.

Les livres au service de l’art
La seconde partie de l’ouvrage propose un catalogue des œuvres admirées par l’artiste ou de sa main. Présentée en pleine page, chaque illustration est accompagnée d’une légende et d’une citation tirée de sa correspondance. De ses premières lectures à ses dernières toiles, le peintre a toujours montré une attirance pour la vie paysanne et le monde ouvrier. Les romans d’Émile Zola, des frères Goncourt ou de Dickens deviennent ses livres de chevet tandis qu’il copie inlassablement Le Semeur de Millet et «préfère de beaucoup une femme laide d’Israëls à un nu classique de Gérôme». De par ses convictions religieuses, l’artiste ne peut faire abstraction des textes bibliques comme le Livre du prophète Isaïe, auquel il associe des écrivains comme Guy de Maupassant, qui lui apporte de quoi nourrir sa foi dans l’art comme seule consolation terrestre. Le catalogue rend également compte des innovations techniques, comme ce mélange d’eau et de lait utilisé pour fixer ses dessins. Plus tard, c’est à la lecture de La Grammaire des arts du dessin et Les Artistes de mon temps de Charles Blanc qu’il aborde les théories de la couleur. De quoi étonner tous ceux qui considéraient Van Gogh comme un artiste inculte se laissant aller à sa folie picturale.


 Stéphanie Magalhaes
14.03.2003