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Expositions

Le monde selon Starck

Au Centre Pompidou, Starck fait son cirque pour sa première rétrospective.


Une vue de l’exposition.
© Centre Georges Pompidou /
Georges Meguerditchian.
Image DSC 3470
PARIS. Starck est toujours là où on ne l’attend pas. Le designer, qualifié parfois de «mégalo», met en œuvre avec le département design du Centre Pompidou une exposition surprenante, longtemps attendue. Il nous prouve une fois de plus son talent, sa volonté de rendre accessible son travail à tous. Partant du principe que le public connaît déjà son travail, et que le séjour ou la salle de bains de Monsieur Tout-le-monde constitue déjà son musée, présenter sous cloche en verre des brosses à dents, des balais de cabinet, des chaises, etc. n’avait pas de sens en soi. Le «génie» a donc eu l’idée de créer une mise en scène théâtrale qui (dé)sacralise son propre personnage. Avant l’entrée dans l’arène, une vidéo d’un joker interpelle le visiteur : «Venez Mesdames et Messieurs ! Venez, il n’y a rien à voir ! Venez écouter le gros prétentieux qui dit qu’il a tout fait !». Un avant-goût du spectaculaire travail du designer à découvrir derrière le rideau. La mise en abyme est totale, l’effet hilarant garanti. Dans la pénombre, de multiples têtes du designer, animées par la technique du «talking heads», sont organisées sur un plan annulaire. Autant de «Houdini», qui remuent les lèvres, clignent des yeux et expliquent l’histoire des objets, leur processus de conception et leur utilité bien sûr. Le propos est illustré par des images sur écran au-dessus de chaque clone. Cette «conscience» bavarde est mise en contraste avec un grand haricot en bronze, censé incarner l’inconscient, mystérieux, muet, immobile. Hormis cet objet, l’espace est vide. Un vide qui «résonne» grâce à une composition originale de Laurie Anderson, qui calme les esprits au milieu de la cacophonie des textes en simultané.


 Rafaël Magrou
15.03.2003