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Marché

Le petit trésor de Mariette

Choppin de Janvry disperse la collection de l’égyptologue français.


Époque Saïte (663-525 av. J.-C.),
Anubis, bronze, restes
d’incrustation de feuilles d’or, 20,5 cm.
© Choppin de Janvry & Associés.
«À Mariette Pacha, l’Égypte reconnaissante». Telle est l’inscription qui orne le sarcophage d’Auguste Mariette (1821-1881) dans la cour du Musée des antiquités égyptiennes du Caire. Il faut dire que ce professeur de Boulogne-sur-Mer, issu d’un milieu défavorisé, fut avec Champollion, l’un des pères fondateurs de l’égyptologie. En 1848, il fut envoyé cinq mois au Caire par le Louvre pour acquérir des manuscrits coptes… Une opportunité liée au fait qu’aucun membre de la conservation n’avait désiré s’acquitter de cette mission ! En réalité, il devait passer la majeure partie de sa vie sur les bords du Nil. Une trentaine d’années pendant lesquelles il mit au jour le Serapeum de Memphis, puis participa à la fouille de quelque trente-cinq sites, entre Tanis, dans le delta, et Edfou en Haute-Égypte. Des années également dévolues à la fondation de deux structures de lutte contre les pillages et les exportations illicites : le Service des antiquités de l’Égypte et le Musée de Boulaq dont les collections constituent le fonds de l’actuel Musée du Caire.

Le don à Ambroise Baudry
Depuis sa terre d’adoption, Auguste Mariette enrichit les collections du Louvre de près de 6 000 objets, dont le Scribe accroupi découvert en 1850, dans un mastaba de Saqqara. Des œuvres d’une bien moindre importance composaient sa collection personnelle. «Il s’agit d’objets qu’il devait aimer, certains qu’il avait découverts et qui n’étaient pas destinés aux musées, et d’autres, sans doute ramassés par des fellah et achetés dans le commerce», explique l’expert Chakib Slitine. À sa mort, ces pièces sont revenues à celui qu’il appelait son «compagnon le plus fidèle dans les dix dernières années», Ambroise Baudry (1838-1906), architecte auprès d’Ismâ’îl Pacha. «Depuis cette époque et jusqu’à aujourd’hui, elles sont restées sous vitrine, dans la famille de Baudry. On peut uniquement supposer que certaines ont été progressivement vendues et qu’il ne s’agit pas de l’intégralité de la collection», poursuit Chakib Selim. Les cent vingt objets de cette collection seront dispersés le 17 mars. À l’exception d’éléments de vaisselle en pierre ou de chaouabtis de Deir-el-Bahari, il s’agit de terres cuites ptolémaïques ou romaines, d’amulettes en faïence et de figures de divinités en bronze. La vente devrait bénéficier de cette double provenance et de l’originalité de leur iconographie. En plus des traditionnels Isis et Osiris, les collectionneurs découvriront par exemple un grand Anubis marchant (30 000 €) et Imhotep, l’architecte divinisé du pharaon Djoser (10 000 €).


 Zoé Blumenfeld
17.03.2003