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Marché

Ingres et Gauguin têtes d'affiche

À l’occasion du Salon du dessin, les maisons de ventes parisiennes multiplient les vacations.


Tête de tahitienne, de profil
à gauche, vers 1892, pastel,
crayon noir et gouache dorée,
30,5 x20,5 cm © Piasa
PARIS. Profitant de l’affluence de collectionneurs ou de représentants de musées internationaux venus pour le Salon du dessin, les maisons de ventes célèbrent elles aussi les arts graphiques… avec un programme suffisamment varié pour que chacun y trouve une œuvre à son goût ! Alors que la plupart des catalogues débutent sur le XVIIIe siècle, les dessins génois et vénitiens du XVIe au XVIIIe siècle sont particulièrement présents dans la vacation de Christie’s, le 27 mars. Parmi la cinquantaine de lots collectionnés par un couple dans les années 1960 et 1970 figurent Saint François recevant les stigmates, probable étude de Federico Barocci pour le tableau de l’autel principal de l’église San Francesco d’Urbino (30 000 €) ou des feuilles décoratives sur fond rouge : un Christ soutenu par les anges, attribué à Jacopo Ligozzi (20 000 €), un Cheval cabré de Lazzaro Tavarone ou un Homme appuyé de Giovanni Andrea Ansaldo (10 000 €). Il s’agit toutefois d’œuvres relativement modestes par rapport à la «vedette» de la vente : le Portrait de la princesse Albert de Broglie d’Ingres (500 000 €). Ce dessin à la mine de plomb représente la jeune femme debout, de trois quart, tenant son pendentif dans la main. Une pose naturelle qui contraste avec la relative raideur du portrait peint conservé au Metropolitan Museum.

Chinoise de Boucher ou Tahitienne de Gauguin
Lors de sa vente du 24 mars, Tajan propose également un dessin d’Ingres. Il s’agit d’une étude au crayon pour le vitrail de saint Philippe dans la chapelle Saint-Ferdinand de Dreux (20 000 €). Cette vente est cependant largement consacrée aux dessins français du XVIIIe siècle. Traités à la sanguine, des couples galants de Nicolas Lancret (9 000 €) côtoient une étude de femmes dansant de Jean-Baptiste Pater ou une Chinoise jouant avec un chat de François Boucher (30 000 €). La jeune femme taquine l’animal avec un bâton sous le regard amusé de deux enfants dans un cadre pittoresque où des meubles classiques ont été savamment déposés au milieu de la nature… Également axée sur l’art français, la vacation de Piasa, le 26 mars, réunit quelques feuilles de belle qualité du XVIIe au XIXe siècle. Notons une étude préparatoire à la plume et au lavis, rehaussée à la gouache de Claude Le Lorrain pour son dernier tableau, La Chasse d’Ascagne dans un paysage classique (100 000 €), une Tête de Tahitienne traitée au pastel par Gauguin (600 000 €) ou un portrait de Bonaparte par Greuze (130 000 €). Cette étude fut sans doute réalisée par l’artiste en 1804 après avoir reçu commande d’un portrait officiel du premier consul mais avant d’avoir pu le faire poser. Sur ce lavis, Greuze a en effet repris les traits du Bonaparte en capitaine d’artillerie qu’il avait esquissé en 1792.


 Zoé Blumenfeld
22.03.2003