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Une femme chez les surréalistes

Dorothea Tanning, épouse de Max Ernst, livre des souvenirs où Breton n’a pas toujours le beau rôle…

Dans son précédent livre de souvenirs baptisé Birthday (qui est aussi le titre du plus connu de ses autoportraits), Dorothea Tanning évoque ces réunions surréalistes où écrivains et artistes faisaient cercle autour de Breton, que nul n'osait contredire. Des moments fastidieux pour elle puisque les femmes n'avaient pas droit à la parole : «Imaginez de quoi je pouvais avoir l'air, appuyée contre l'épaule de Max pendant des heures dans ce café où Breton régnait sur une douzaine de baratineurs fiévreux qui s'efforçaient d'imiter les oracles de leur maître...» Pourtant, aussi loin qu'elle remonte dans le temps, jusqu’à son enfance dans la petite ville de Galesburg aux États-Unis, elle s'était promise un destin d'artiste à Paris. Et rien n'a pu l'empêcher de parvenir à ses fins. Après des études d’art à Chicago, elle se rend à New York et s'embarque pour Paris, où elle arrive en août 1939. Cette première incursion européenne est un échec. Elle rentre à New York, où elle rencontre Max Ernst en 1941. Bientôt rejoint par les surréalistes et d’autres membres de l'intelligentsia cosmopolite qui a pu fuir la France, elle fréquente Man Ray (elle se marie d'ailleurs avec Max Ernst à Hollywood, le jour même où Man Ray épouse Juliette), Marcel Duchamp, Consuelo de Saint-Exupéry. Sa première exposition a lieu en 1944. Deux ans plus tard, le couple s'installe à Sedana dans le Texas, dans une petite maison qu'il fait construire. Par la suite, elle aura maintes fois l'occasion d'aller en France et de connaître la vie de bohème dans le quartier de Saint-Michel ! Ce livre consacre de très longues pages à Max Ernst, bien sûr, mais évoque un nombre impressionnant de personnalités du monde de l'art, d'Arshile Gorky à John Cornell, de Roberto Matta à Oscar Dominguez. Et tout cela avec l'absolu arbitraire d'une vieille dame qui entend se raconter à sa guise, et non pour plaire aux conservateurs, biographes et spécialistes.


 Gérard-Georges Lemaire
27.03.2003