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Expositions

Sarkozy très exposé

Les artistes réunis dans «Hardcore» se livrent à une critique caustique du pouvoir.


Guerilla girls on tour,
G.W Bush Poster, 2000
© Guerilla girls
PARIS. En avril dernier, le tout jeune centre d’art s’était fait remarquer avec Jean-Pierre Raynaud et sa mise en scène d’une campagne électorale qui expliquait en substance que la vérité émane davantage de l’art que de la politique. Après le premier tour des élections, il avait également organisé une assemblée générale contre le Front national. Jota Castro, qui avait alors été séduit par la justesse de ses analyses, présente aujourd’hui plusieurs de ses œuvres, notamment l’affiche Désir d’intégration, placardée dans plusieurs capitales, qui montre un homme basané arborant un drapeau européen sur son pénis en érection. Et surtout une installation : une salle de documentation consacrée à l’actuel ministre de l’Intérieur, qui constitue l’une des critiques les plus virulentes du pouvoir en place dans une institution publique.

Une démarche parfois contestable
Hardcore désigne à l’origine un type de musique - rock puis techno - rapide et souvent assourdissante, par extension dure, voire violente. L’exposition montre ainsi des œuvres engagées politiquement, comme Libérez Ocalan, une peinture monumentale de Gianni Motti, qui a par ailleurs invité des militants kurdes à manifester le soir du vernissage, les affiches féministes des Guerrilla Girls, mais aussi deux films qui intègrent la pornographie dans une démarche artistique. On peut s’interroger sur l’acceptabilité de certaines œuvres, comme cette série photographique de Santiago Sierra, montrant des immigrés africains qu’il a payés 54 € par jour pour creuser 3 000 trous dans une colline : a-t-on vraiment besoin de répéter l’exploitation pour mieux la dénoncer ? «Hardcore» vient à point après les débuts un peu hasardeux du Palais de Tokyo pour prouver que la critique de la société est toujours d’actualité dans la création plastique.


 Frédéric Maufras
21.03.2003