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Expositions

So british !

Nos cousins d’outre-Manche ont-ils un goût inné pour l’avant-garde ? C’est ce que semble prouver une intelligente rétrospective qui parcourt tout le XXe siècle.


Jacob Epstein, Rock Drill,
copie en résine et métal de 1976,
d'après l'original en plâtre et métal
de 1915.
© D. R., photo Françoise Monnin.
TOULOUSE. Le robot monumental, sculpté par Epstein en 1915, qui accueille les visiteurs, donne le ton de cette formidable exposition, baptisée «Blast to Freeze». Blast («explosion») étant le nom de la revue du groupe des vorticistes, au début des années 1910, freeze («gelé»), celui de l’exposition à scandale de jeunes artistes britanniques, en 1988. Les quatre cents pièces - provenant de cent dix prêteurs - réunies par l’historien d’art Henry Meyric Hughes retracent l’histoire d’un art méconnu, dans un ordre chronologique, à peine perturbé, ici et là, par la mise en scène d’un très grand format, souhaitée par Alain Mousseigne, directeur du musée. «J’ai un tropisme pour l’art britannique, que j’ai toujours trouvé intelligent et original», explique-t-il.

Une histoire des avant-gardes
La présentation commence avec des sculptures, des dessins et des peintures à connotations cubistes - vorticistes, pardon ! -, signées Gaudier-Brezska ou Wyndham Lewis. Puis viennent les peintures réalistes des peintres de l’armée, durant la Première Guerre mondiale, les sculptures abstraites de Moore ou Hepworth, les objets surréalistes des années vingt. Suivent les réalistes expressionnistes des années 1930, dominés par le cruel Spencer. Dix ans plus tard, Freud et Bacon prennent la relève. Dans les plus grandes salles du musée, le pop art (1950-1960) se taille la part du lion. On y découvre d’excellentes toiles de Hockney et des sculptures de Paolozzi, avant de succomber aux charmes cinétiques de Riley (1970), aux photographies trafiquées par Gilbert & George (1980), aux pigments purs déposés par Kapoor ou à la machine à tuer les mouches de Damien Hirst (1990). «Ce n’est pas une histoire de l’art. Beaucoup de bons artistes anglais du XXe siècle ne sont pas là, prévient Henry Meyric Hughes. J’ai voulu faire une histoire des avant-gardes britanniques». Fascination pour la taille directe, rôle des écoles, des critiques, des mécènes... Autant d’éléments indispensables à la compréhension de l’ensemble, que le catalogue analyse parfaitement, en complément. Bref, un régal !


 Françoise Monnin
25.03.2003