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Expositions

Léonard redécouvert

Le Metropolitan Museum présente une rétrospective «définitive» de l’œuvre graphique de Léonard de Vinci.


Étude pour la tête de St Pierre,
crayon et encre sur papier
préparé bleu, 145 x 113 mm
© Albertina, Vienne
NEW YORK. L’ensemble est impressionnant : plus de cent dessins de Léonard de Vinci réunis en un même lieu. Quand on connaît la réticence des collectionneurs à prêter ces œuvres tant elles sont fragiles, on mesure les efforts qui ont dû être déployés. Il ne s’agit évidemment pas d’établir un record : cette exposition - qui sera montrée, sous une forme légèrement modifiée, au Louvre en mai - livre nombre d’éléments nouveaux sur Léonard. On mesure, par exemple, combien des qualités qui lui sont automatiquement attribuées étaient déjà le fait de son maître Verrocchio : le sfumato, le rendu virtuose de l’anatomie des chevaux ou la capacité à dessiner un même objet vu sous plusieurs angles. Certains projets de Léonard sont détaillés d’une façon inédite. «Pour la première fois, nous explique Carmen Bambach, commissaire avec George Goldner, trois dessins sont mis en regard. Ce sont des études pour le monument à Hercule, sur lequel Léonard travaillait en 1508 à la demande des Florentins. Un dessin manquait pour effectuer la reconstitution de l’ensemble et le Metropolitan Museum a eu la chance de pouvoir l’acheter en 2000 en vente publique. On peut maintenant mieux mesurer l’ambition du projet. Il s’est probablement agi d’une nouvelle confrontation grandiose avec Michel-Ange, quelques années après celle des fresques sur les batailles d’Anghiari et de Cascina». Carmen Bambach a écrit dans le catalogue un essai passionnant, Léonardo gaucher. Dans l’exposition, elle présente des caricatures réalisées par Léonard à côté de copies des siècles suivants. Les imitateurs étaient tellement respectueux de l’œuvre de Léonard qu’ils dessinaient même les hachures symbolisant les ombres à la manière des gauchers - du coin inférieur droit vers le coin supérieur gauche. Preuve, s’il en fallait, de l’extraordinaire influence de Léonard sur les générations suivantes…


 Rafael Pic
24.03.2003