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Patrimoine

Histoire commune pour une île divisée

Financé par la fondation culturelle de la Banque de Chypre, le nouveau Musée Pierides expose six cents pièces d’une collection privée.


Cratère mycénien, 1300-
1270/60 av. J.C.
NICOSIE. Pendant neuf millénaires, Perses et Égyptiens, Romains et Arabes, croisés et mamelouks, Génois et Vénitiens, Ottomans et Anglais ont occupé l’île, contribuant à la création d’un art aux influences multiples. Alors que Chypre est aujourd’hui divisé et que le plan de réunification de l’ONU vient de subir un revers, une nouvelle institution vient rappeler la richesse de cet héritage. Offertes par une grande famille chypriote, les six cents pièces de la collection comptent des vases, des bols en terre cuite, des statues en pierre, des bijoux en or et d’immenses amphores. Elles renseignent sur une large tranche d’histoire, de l’âge de Bronze (2500 av. J.-C.) à la fin du Moyen Âge. «Les poteries font partie de notre patrimoine culturel et ont été le principal véhicule des différentes cultures. Placées dans les tombes auprès des morts en guise d’offrandes, elles ont été en grande partie conservées intactes», explique Lefki Michaelidou, le directeur du musée. À l’âge de Bronze, caractérisé par ses vases anthropomorphes en terre rouge, succède l’époque mycénienne, au XIVe siècle av. J.-C., avec ses poteries striées en bichromie, ornées de motifs géométriques, puis de fleurs de lotus au style oriental. Chacun des objets exposés raconte une page d’histoire. C’est le cas d’une série de têtes colossales en pierre calcaire (VIe siècle av. J.-C.), décapitées par les chrétiens pour effacer le statut païen de l’île. Dans la dernière salle, des assiettes en faïence polychrome représentant des guerriers vêtus d’une armure datent de l’époque des Lusignan, au XIVe siècle. À l’époque, la France revendiquait elle aussi sa part de l’île…


 Anouchka Roggeman
26.03.2003