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Musées

Gauguin, cent ans et toutes ses couleurs

Avec son exposition sur l’École de Pont-Aven, le Musée du Luxembourg inaugure les célébrations de l’année Gauguin.


Paul Gauguin, Une Ferme en
Bretagne
, huile sur toile, 1894.
© Metropolitan Museum of Art,
New York.
PARIS. «En 1903, la médiatisation de la mort de Gauguin a accentué son image de peintre maudit, mort loin de tous, parmi les sauvages ! Cela explique que la partie bretonne de son œuvre ait toujours été minorée. Il faut ajouter à cela le fait qu’on n’a jamais eu de vision d’ensemble de cette période car sa femme avait vendu ses tableaux pour subvenir à ses besoins. Et puis, il faut reconnaître qu’il s’agit d’une période compliquée à cerner avec ses changements de styles et ses interruptions». L’ambition d’André Cariou, commissaire de «L’Aventure de Pont-Aven et Gauguin» au Musée du Luxembourg, est claire : consacrer enfin une expositions générale à ce groupe éclectique qui se noue autour de Gauguin. Un projet qui, curieusement, n’a jamais abouti en France. L’exposition est organisée en chapitres chronologiques calqués sur les séjours de Gauguin : son arrivée à Pont-Aven en 1886, son voyage en Martinique, son retour et sa collaboration décisive avec Émile Bernard en 1888, son retrait au hameau du Pouldu avec Meyer de Haan puis son départ définitif pour les tropiques en 1895. Quelque cent cinquante œuvres ont été réunies, travaux de membres connus ou méconnus de cette colonie d’artistes : Charles Laval et Henri Delavallée, ses premiers collaborateurs, mais aussi l’Irlandais O’Conor ou le Polonais Slewinski. Et si des tableaux majeurs de Gauguin, comme La Vision du sermon ou le Christ jaune, sont absents, c’est au profit de redécouvertes dont André Cariou se félicite : «Il faut signaler La Baignade en Bretagne du musée de Buenos Aires ou La Nature morte au biberon de Quimper de l’Université de Berckeley, des œuvres quasiment jamais présentées en France». Le centenaire de la mort de Gauguin sera marqué par nombre d’autres manifestations. La Bretagne participe évidemment aux festivités. Le Musée de Pont-Aven présente des œuvres de Gauguin, Bernard, Sérusier ou Denis. Le Musée des beaux-arts de Quimper propose «Gauguin par-ci, Gauguin par-là», une exposition pour enfants, avant d’accueillir la rétrospective du Musée du Luxembourg. La période océanienne de l’artiste sera, quant à elle, célébrée en Polynésie avec des colloques ou un cycle cinématographique avant que Paris ne se mette au diapason, à l’automne prochain, avec «Gauguin-Tahiti» au Grand Palais - du 4 octobre 2003 au 19 janvier 2004.


 Zoé Blumenfeld
02.04.2003