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Expositions

Le vitrail dans son siècle

Le Centre international du vitrail montre comment les cathédrales de France ont su, après la Seconde Guerre mondiale, accueillir les créations des artistes contemporains.


Anne Le Chevalier, verrières
du déambulatoire, 1977-
1982, Nantes cathédrale
Saint Pierre © ADAGP, 2002
CHARTRES. Au cours du XXe siècle, une cinquantaine de cathédrales ont reçu des vitraux contemporains. Le plus ancien exemple innovant est celui de Metz avec les baies de Jacques Villon en 1957, suivies en 1960 de deux ravissantes fenêtres de Roger Bissière puis, en 1963 et 1970, des réalisations de Marc Chagall. Les années 1970-1980 voient de grandes réussites comme les vitraux de Jean Le Moal à Saint-Malo. Ailleurs, comme à Nevers, les hésitations quant aux choix des artistes, ont été nombreuses. Raoul Ubac a réalisé les fenêtres romanes de l’abside en 1975 puis Claude Viallat, François Rouan, Gottfried Honegger et Jean-Michel Alberola ont obtenu la suite du programme. Alfred Manessier et Jean Bazaine, qui avaient été pressentis pour le même lieu, se sont vu confier la cathédrale de Saint-Dié, où ils ont travaillé avec d’autres artistes. Ces dernières réalisations manquent d’unité et vont, pour certaines, jusqu’à blesser l’œil. Ainsi, l’échelle des motifs pour la chapelle axiale du déambulatoire de Nevers ne tient pas compte de celle des baies. On retiendra la justesse de démarches plus humbles et très récentes comme celle de Robert Morris à Maguelone. Pour l’artiste, «les couleurs et les formes des vitraux sont suggestives et métaphoriques, leur réticence est voulue pour être complémentaire de la présence discrète, physique et transcendantale de la cathédrale de Maguelone.» L’évocation de ces créations variées s’organise autour de photographies des architectures, de plans des édifices, de maquettes et de cartons dessinés par les artistes. Des panneaux d’essai et des copies à l’identique de pans de vitraux réalisés donnent davantage de réalité au propos. On découvre avec intérêt des projets qui n’ont pas été retenus : ils permettent d’entrer dans le processus créateur des recherches autour d’un édifice. On regrettera l’absence d’un fil conducteur, fût-il chronologique, géographique, esthétique. Il aurait peut-être été judicieux de réunir tous les projets concernant une cathédrale dans un même espace. L’exposition donne néanmoins envie de découvrir de nombreux sites, ce qui est en soi une réussite puisque le vitrail, plus que tout autre art, dépend du lieu qui le reçoit et de la lumière qui l’anime.


 Geneviève Bayle
31.03.2003