Accueil > Le Quotidien des Arts > Magique Trovic

Expositions

Magique Trovic

Un fabuleux brodeur présente vingt-sept de ses œuvres monumentales.


© Françoise Monnin.
CHOLET. La dernière fabrique de tissu encore en activité dans la cité ferme à présent ses portes. Fini les célèbres mouchoirs ! Désormais, on ne les fabriquera plus qu’au... Musée du Textile ! Inauguré en 1995, dans une jolie petite usine centenaire, cette structure municipale vient d’embaucher une jeune assistante de conservation. Sitôt en poste, Aude Le Guennec a mis en place une rétrospective de l’œuvre brodé de Jacques Trovic, dont Cholet avait acquis deux œuvres : l’une, installée dans une école maternelle, l’autre, qui dormait dans les réserves. Vingt-cinq autres pièces, prêtées par Trovic et par son meilleur ami, ont été tendues dans deux salles du musée. Une vidéo sur l’artiste, un catalogue ludique particulièrement réussi, et voilà un petit bijou d’exposition, autour d’un artiste, parfois qualifié de naïf ou de brut, sous-estimé. Au fil des broderies présentées, qui pour certaines ont demandé à l’artiste plusieurs années de travail, on retrouve avec bonheur son univers unique, inspiré par la vie quotidienne populaire et par la télévision. Cette dernière fonctionne en permanence dans l’atelier d’Anzin, où il vit, depuis sa naissance, en 1948, avec sa sœur aînée. Comme elle, c’est près de sa mère que l’artiste, écarté de l’école par une grippe espagnole, a appris le métier. Depuis, à tous petits points, combinant les principes du patchwork avec la mise en scène de breloques, il refait le monde. L’Atelier de tatouages (1997) est particulièrement extraordinaire. Le Réparateur de parapluies sous l’orage (1980) enchante et La Musique moderne (1967) n’a rien à envier au monde des meilleurs peintres abstraits. Trovic a du génie. Il serait temps de lui donner la place qui est la sienne.


 Françoise Monnin
01.04.2003