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Versailles, en plus intimiste

Un ouvrage retrace l’histoire d’un chantier de trente ans, celui du domaine de Marly.

«Un repaire de serpents et de charognes, de crapauds et de grenouilles»… C’est ainsi - comme le rapporte l’auteur qui multiplie tout au long du livre les citations de témoins de l’époque - que le duc de Saint-Simon parlait du site choisi par Louis XIV pour sa nouvelle résidence de Marly. À l’époque, le monarque de 41 ans aspire à un lieu de villégiature dans lequel il pourra se détendre et rompre avec la lourdeur de l’étiquette versaillaise. «Le Roi veut qu’à Marly, on soit à son aise», aimait-on à dire. Dans ce domaine réservé à sa famille et à de rares privilégiés, les plaisirs de la table et les fêtes sont de mise et les femmes, admises en «robe de chambre», une tenue moins stricte qu’à l’ordinaire… Quant au roi, il s’adonne à la chasse et visite le domaine. Un tableau de Charles Châtelain le montre ainsi, circulant sur un fauteuil monté sur trois roues. Lors de ces promenades, Louis XIV suit l’avancée des travaux. Avant Le Brun qui conçut le programme symbolique du palais entouré de ses pavillons, comme Apollon de ses muses, et avant Jules Hardouin-Mansart qui mit en œuvre le projet, le roi se veut l’ordonnateur de cet ensemble constamment remodelé. Cartes, plans, élévations, dessins de jardins, vues gravées du château en restituent les évolutions. Grâce à des textes vivants et précis, on voit ainsi succéder aux parterres dépouillés bordés d’alignements d’ifs, des bosquets multiples habités de sculptures. On suit le remplacement du pavage de marbre par un parquet plus chaleureux ou les transformations apportées à l’encadrement des tableaux de Van der Meulen. Un chantier de 30 ans dont il ne reste plus aucune trace matérielle puisque l’ensemble a été démantelé après la Révolution.


 Zoé Blumenfeld
29.03.2003