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Out of Africa

Christie’s disperse la collection d’art primitif de Russel Aitken, un Américain aux multiples facettes…


Yoruba, Cavalier, XIXe
siècle, 39,5 cm.
© Christie’s.
NEW YORK. Céramiste, designer, journaliste, photographe, auteur de romans d’aventures… Russel Aitken (1910-2002) avait plus d’une corde à son arc. Ou plutôt à son fusil puisque, fin tireur, il était également passionné d’armes à feu. Lorsque les photographies ne le montrent pas posant accroupi auprès du buffle qu’il vient d’abattre sur le Mont Kenya ou appuyé à une Rolls Royce et arborant l’une de ses carabines de collection, elles le présentent confortablement installé dans son intérieur orné d’objets primitifs. La «révélation» eut lieu alors qu’il visitait l’«African Negro Art» au Museum of Modern Art de New York, en 1935. Dès lors, il n’eut de cesse de réunir des objets d’art africain. Il réussit d’ailleurs à acquérir deux des œuvres de l’exposition : une antilope Bambara (40 000 $) et un cavalier Yoruba (60 000 $). Portrait à la gloire d’un chef de haut rang, représentation symbolique du pouvoir guerrier ou figuration d’un orisha, un dieu ? On ne sait comment interpréter cette étonnante sculpture qui date probablement du milieu du XIXe siècle.

La «patte» de John Graham
En tant que collectionneur, l’une des chances d’Aitken fut d’être «présent» lorsque furent dispersées les œuvres de Frank Crowninshield, l’éditeur de Vanity Fair entre 1914 et 1936. Cet ensemble avait été réuni sur les conseils avisés du peintre John Graham, dépêché à Paris pour y dénicher des pièces de qualité. En proviennent des masques de Côte d’Ivoire - Dan, Gouro ou Baoulé -, plusieurs reliquaires Kota (entre 10 000 et 25 000 $) ainsi que deux figures de reliquaire Fang. De l’une d’elle suinte encore l’huile de palme dont elle était ointe lors de libations rituelles liées au byeri, le culte des ancêtres fondateurs du clan ou du lignage. Des pièces décoratives viennent compléter cet ensemble comme des boucliers Masai et Kikuyu qui rappellent la prédilection d’Aitken pour les objets guerriers.


 Zoé Blumenfeld
03.04.2003