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Expositions

Londres au tempo de l'Art déco

À l’heure où les relations se tendent entre Europe et Amérique, Londres ressuscite un mouvement qui a fait l’unanimité des deux côtés de l’Atlantique.


Paul Colin (1892-1985), Le
Tumulte noir
(Josephine
Baker) publié par les Editions
d’Art Succès Plate au début du
XXe siècle. © DACS, Londres
LONDRES. Quel est le rapport entre la Coiffeuse Lotus de Ruhlmann et le moteur de hors-bord américain en acier présentés dans la première vitrine de l’exposition ? Aucun, si ce n’est que ces objets appartiennent à un même courant artistique : l’Art déco. Courant éclectique s’il en est, celui-ci s’est constitué en réaction à l’Art nouveau pour s’épanouir pleinement durant l’entre-deux-guerres, en se propageant de l’architecture à la joaillerie, du mobilier à la mode, de la peinture à l’art de la reliure. Ghislaine Wood, commissaire de cette exposition, a choisi de jouer de cette diversité pour présenter en trois cents pièces l’Art déco comme un phénomène global et international, un art de vivre des Années folles, «glamour» et exotique, comme le précise le livret de l’exposition. La visite débute par une confrontation avec les multiples sources d’inspiration, des styles historiques aux avant-gardes. Vient ensuite l’évocation du moment clef qu’a été l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris (1925), avec une restitution partielle du grand salon du Pavillon du collectionneur de Ruhlmann. On s’attarde ensuite devant les meubles d’Eileen Gray, les reliures de Pierre Legrain, les robes du soir de Jeanne Lanvin et les vestiges du hall du Strand Palace de Londres, sauvés in extremis dans les années 1960 et sortis pour la première fois de leurs caisses. C’est ensuite l’Art déco international qui est à l’honneur. Le succès fut sans égal aux Etats-Unis : sur fond de musique jazz, la dernière salle met en scène l’esthétique du gratte-ciel dans un étonnant melting-pot (films, mobilier, photographies, ainsi qu’une luxueuse automobile Auburn 851). L’ensemble s’achève sur les pièces aux lignes aérodynamiques en métal ou bakélite dites «streamline», derniers feux d’un style déjà essoufflé qui ne survivra pas à la guerre. On ressort sans idée neuve sur le sujet, mais qu’importe ! Le succès public attendu permettra d’envisager sereinement l’organisation d’expositions plus pointues. Et l’on assistera certainement à la réévaluation d’artistes exposés à côté de «pointures» telles que Chareau, Dunand ou Ponti...


 Sophie Flouquet
08.04.2003