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La nouvelle jeunesse de Toulouse-Lautrec

Actuellement en travaux, le Musée Toulouse-Lautrec d’Albi entend bien trouver sa place parmi les établissements les plus modernes de la région.


Entrée du Musée Toulouse-Lautrec.
© Musée Toulouse-Lautrec, Albi.
Construit par les évêques d’Albi au XIIIe siècle, le palais de la Berbie, de l’occitan Bisbia, domine les rives du Tarn du haut de ses imposants murs de briques rouges. Les noms de Durand de Beaucaire (1228-1254) et de Bernard de Combet (1254-1271) restent attachés à ce bâtiment situé à quelques mètres de la cathédrale Sainte-Cécile, au cœur de la ville. De quel meilleur emplacement pouvait rêver l’enfant du pays, Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), pour la conservation de ses œuvres ? À sa mort, le comte et la comtesse de Toulouse-Lautrec proposent de distribuer les œuvres dans les différents musées parisiens. Devant le désintéressement général des responsables d’établissements, Gabriel Tapié de Céleyran, cousin du peintre, et Maurice Joyant, son ami fidèle, se tournent vers la ville d’Albi. Le legs est accepté et installé dans les salles du palais en juillet 1922. Avec plus de mille œuvres, des documents d’archives et des photographies, le musée détient aujourd’hui la plus importante collection consacrée à l’artiste.

Dessins, peintures et affiches
L’ampleur du fonds Lautrec ne doit pas faire oublier le noyau d’art ancien qui comprend deux tableaux de Georges de La Tour, Saint Jacques le Mineur et Saint Jude Thaddée le Mineur, mais aussi La Caravane biblique de Luca Giordano et L’Église Santa-Maria della Salute à Venise de Francesco Guardi. «Lautrec : un tout petit forgeron à binocle. Un petit sac à compartiment où il met ses pauvres jambes», écrit Jules Renard dans son journal. De ses premiers travaux, très marqués par l’enseignement de son maître René Princeteau, comme l’Artilleur sellant son cheval, à ses célèbres affiches pour le Moulin rouge, la collection retrace toute la carrière du peintre. Parmi les pièces majeures figurent La Modiste - illustration de sa parfaite maîtrise des jeux de lumière -, Au salon de la rue des Moulins - témoignage de son attirance pour les maisons closes et les cabarets -, et les lithographies qui ont fait sa renommée : le Jardin de Paris et le Divan japonais. Des toiles d’Henri Matisse, d’Émile Bernard, de Pierre Bonnard et de Paul Sérusier viennent compléter la collection.


Trois questions au conservateur en chef
Danièle Devynck : maintenir le musée ouvert pendant les travaux


Où en sont les travaux de rénovation ?
Danièle Devynck.
La première phase a commencé l’année dernière et devrait se prolonger jusqu’en 2004. Confié au cabinet de Philippe-Charles Dubois après un concours international lancé en 1997, le projet comporte trois étapes pour un coût total de 21 millions €. Cette entreprise devrait permettre à notre établissement de trouver sa place parmi les grands musées modernes français, tout en améliorant la conservation des œuvres et l’accueil du public. À l’heure actuelle, le creusement de la cour d’honneur - emplacement des locaux techniques et d’un auditorium de cent soixante places - est achevé et le chantier s’est déplacé vers la tour d’Amboise pour la création des circulations verticales et vers le donjon dans l’épaisseur duquel va être foré un ascenseur. Malgré le début des travaux en février 2002, près de 150 000 visiteurs ont poussé les portes du musée l’année dernière.

Quels ont été les choix en termes de muséographie ?
D. D.
La rénovation du bâtiment prend en compte des réaménagements mais aussi des extensions : la surface va passer de 2 900 à 4 200 m2. Le nouveau circuit chronologique et thématique devrait permettre à la fois d’aborder les collections du musée dans de meilleures conditions esthétiques avec une approche didactique mais aussi de rendre toute sa présence au bâtiment en mettant en valeur l’authenticité du lieu. Des bornes interactives permettront d’approfondir une œuvre ou d’en savoir plus sur la vie de l’artiste. Par cette nouvelle présentation, les visiteurs pourront également percevoir la complémentarité entre les œuvres de Lautrec et la collection d’art moderne jusqu’à présent isolée au deuxième étage et qui pourrait être complétée par des dépôts d’œuvres supplémentaires. En attendant ce résultat, une visite virtuelle permet déjà aux visiteurs d’imaginer les futures salles.

Des projets d’expositions pour le nouveau musée ?
D. D.
Pour le moment, la gageure est de maintenir le musée ouvert pendant les travaux. Ensuite, nous avons effectivement quelques projets d’expositions sur Andy Warhol ou Edvard Munch.

L’œil du visiteur
Musée Toulouse-Lautrec - Palais de la Berbie - 81003 Albi - tél. : 05 63 49 48 70, tlj sf. mardi, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h .

Vestiaire : non.
Accès handicapés : partiellement à l’heure actuelle et totalement à la fin des travaux.
Audioguides : oui, en français, allemand, anglais, espagnol et italien.
Fiches de présentation : fiches de salles seront disponibles à la fin des travaux.
Signalétique : réduite aux cartels et aux textes biographiques. Une réflexion est actuellement menée pour une nouvelle signalétique.
Éclairage : lumière artificielle.
Accrochage : thématique et chronologique.
Activités pédagogiques : ateliers pour les enfants, visites guidées, concerts.
Restauration : non, mais un salon de thé est en projet.
Boutique et librairie : un grand choix de produits dérivés de la carte postale à la bouteille de vin de Gaillac.
Auditorium : prévu à la fin du chantier (160 places).
Parc de stationnement : à proximité du musée.
Site web : www.musee-toulouse-lautrec.com, visite virtuelle, gazette du chantier.
Bibliothèque : près de 3 000 ouvrages et des dossiers d’artistes.

Accueil, services : ***
Informations, publication : ****
Muséographie : **
Site internet : ***


 Stéphanie Magalhaes
12.04.2003