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Peinture XIXe : le prix de la maturité

La peinture du XIXe siècle est un élément important du marché global de la peinture. Elle représente en moyenne le quart de son chiffre d'affaires et du nombre des transactions effectuées. Il s'agit d'un secteur stable, en pleine maturité, avec une clientèle assise, peu sensible à la spéculation. État des lieux.

Comment définir la peinture du XIXe siècle ? Les statistiques d'artprice.com, que nous utilisons, rassemblent sous ce titre générique les œuvres de la totalité des artistes nés entre 1760 et 1859. Ceci amène à regrouper des mouvements aussi divers que le romantisme, l'impressionnisme, les pompiers, l'orientalisme, Barbizon et bien d'autres, qui ont leur évolution propre - sur laquelle nous reviendrons en détail dans un prochain numéro - mais suffisamment de caractéristiques communes pour permettre une analyse globale.

Le marché mondial est en baisse, les prix aussi
L'indice général des prix, après une montée vigoureuse en 1998/1999 est en baisse sensible depuis : 100 € placés en peinture XIXe siècle en 1947, qui en valaient 121 deux ans plus tard, n'en représentent plus que 116,5 en 2002, en très net retard sur l'indice général de la peinture à 142 € sur la période.
Parallèlement, le chiffre d'affaires mondial, qui avait atteint son plus haut montant en 2000 à 752 millions € est redescendu à 490 millions € - son niveau de 1997 -, le nombre de lots adjugés suivant le même mouvement, et tombant de 30 903 à 23 023 €.
On peut trouver plusieurs raisons à cette baisse. Conjoncturelles : l'effet 11 septembre, la baisse de l'offre par rétention de valeurs jugées sûres et la raréfaction de la «marchandise», ainsi que la hausse générale des invendus. Mais elles sont sans doute tout autant structurelles : les œuvres d'artistes impressionnistes - toutes nationalités confondues - représentent près des deux tiers du chiffre d'affaires. Elles deviennent de plus en plus rares et quelques ventes en moins peuvent creuser fortement les résultats.

L'éternelle domination anglo-saxonne
Les ventes mondiales, là encore, se font pour l'essentiel aux États-Unis - 44% - et en Grande-Bretagne - 29%... La France ne fait que 7% du marché et 15% du nombre de lots vendus. Avec un peu moins de lots, les États-Unis, où vont volontiers les œuvres majeures, font six fois plus de chiffre d'affaires.
Nos tableaux montrent un parallélisme parfait entre l'évolution mondiale et française pour le nombre de lots adjugés. Les taux d'invendus français sont eux aussi dans la tendance générale. En revanche, la France résiste mieux au niveau du chiffre d'affaires et enregistre une progression modeste mais régulière, passant de 29 à 36 millions € sur cinq ans.
Parmi les acteurs spécialisés du marché français, on retrouve en tête le peloton habituel des maisons de ventes parisiennes. Sotheby's est le seul nouveau venu dans les cinq premiers. Cela dit on notera que le leader Piasa a fait en un an 6 104 910 € de ventes dans ce domaine, alors que la vente XX à XXX, par exemple, a atteint xxx en xxx 2002 et que, dans un domaine voisin, la collection Forbes de peintures victoriennes vient de réaliser 25 millions € chez Christies à Londres. La France a eu un rôle déterminant dans les mouvements du XIXe siècle. Elle ne l'a plus dans leur commercialisation.


 Jacques Dodeman
15.04.2003