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Expositions

Jean Planque, un regard sur le XXe siècle

La collection du conseiller de la galerie Beyeler, ami de Picasso et confident de Dubuffet, offre une leçon d’histoire sur le siècle passé.


Pablo Picasso
Le sauvetage 1933, coll. Jean Planque
© Fondation de l'Hermitage
Paris. «Il n’y a pas du laid et du beau. Cela n’existe pas. Il y a seulement le mystère, la magie, et l’horrible peut tout aussi bien que le beau exprimer ces choses.»Les notes écrites dans le Journal de Jean Planque (1910-1998) en 1973 définissent parfaitement l’esprit de cet homme qui a su rassembler dans sa collection personnelle les plus grands noms du XXe siècle : Van Gogh, Renoir, Picasso, Nicolas de Stael ou Sam Francis. L’exposition n’utilise aucun effet muséographique. Les cent soixante-dix œuvres se succèdent de manière chronologique sur des murs blancs. Seule fantaisie accordée : la reconstitution du mur de la chambre du collectionneur qui comportait entre autres le Souvenir du Havre de Braque, un Arlequin et un Buste de femme endormie de Picasso. La complicité - illustrée par des photographies d’époque et des dédicaces - qui liait ce dernier à l’amateur d’art explique la place importante accordée au maître du cubisme. Son œuvre est déclinée depuis ses gouaches des années 1910 jusqu'à ses grandes toiles comme Nu et homme à la pipe de 1968. Au fil des amitiés et des rencontres, Jean Planque s’intéresse à tous les langages picturaux et se laisse aussi bien séduire par le vaporeux Mont Kolsaas, Norvège de Monet que par le portrait du Jeune Pierrot de Rouault, ou les compositions géométriques de Sonia Delaunay. Il n’est donc pas étonnant de retrouver côte à côte un paysage figuratif tel L’Estuaire de la Seine de Vallotton, une marine abstraite de Nicolas de Stael et le Continuum de ville de Dubuffet. D’accès plus difficile - il faut se frayer un chemin dans les différents cabinets souvent très encombrés - la collection d’art graphique est tout aussi impressionnante : Deux femmes au bain de Degas, une composition au pastel de Redon, le Portrait d’une tahitienne au fusain de Gauguin, sans compter les aquarelles de Cézanne et de Klee, une étude de couleurs d’Augusto Giacometti et les grattages de Mark Tobey. Plus que la présentation d’une collection, cette exposition dresse le panorama de tout un siècle de production plastique.


 Stéphanie Magalhaes
22.04.2003