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Musées

Louvre, aile Richelieu, Ecoles du Nord © E. Revault / Louvre


Jan Frans Van Dael, Vases de fleurs, raisons et pêches


Peter Balke, Vue de la montagne


Caspar David Friedrich, L'Arbre aux corbeaux


Vent du nord sur le Louvre

Le musée complète ses manques en peinture scandinave, russe et allemande.

De l'avis même des conservateurs, le Louvre, ce colosse que l'on imagine sans failles, présente quelques lacunes : ses collections de peinture nordique demeurent modestes si on les compare à l'accumulation de trésors égyptiens ou italiens. L'ouverture, en juillet, de six nouvelles salles dédiées aux écoles septentrionales des 18e et 19e siècles est donc un événement dont la portée symbolique dépasse l'importance numérique (135 tableaux sur 300 m2, au 2e étage de l'aile Richelieu, pour un coût d'aménagement de 8 millions de francs). Les choix architecturaux - éclairage zénithal ou parquet de chêne - reprennent les principes posés en son temps par Pei.

Les nouvelles salles accueillent les acquisitions récentes - 24 tableaux depuis 1990. Neuf d'entre eux sont entrés au musée grâce au mécénat de la Compagnie de Saint-Gobain. Un délicat travail d'encadrement a été mené sur des oeuvres exhumées des réserves. On a eu recours aux cadres provenant du fonds du Louvre ou à des achats sur le marché. On notera en particulier dans la première salle à droite des cadres originaux, façon écaille, du début du 20e siècle. Le parcours proposé par les conservateurs du département des peintures du Nord - Elisabeth Foucart-Walter et Jacques Foucart - est articulé sur un principe chronologique. On retrouve ainsi des artistes provenant du même pays d'une salle à l'autre, ce qui ménage un agréable suspense - que sont devenus les Russes, les Danois sont-ils toujours à l'affiche ? - et l'on perçoit mieux les points d'unité entre les différentes nations.

Quelques oeuvres méritent un commentaire particulier. Dans la salle B, le Vase de fleurs, raisins et pêches de Jan Frans van Dael (1810) bénéficie d'une cote constante et inexpliquée auprès du public. Sa reproduction est l'un des best-sellers de la librairie du Louvre alors qu'il n'était pas accroché depuis des années. La salle C montre plusieurs Navez (1787-1869), un peintre de Charleroi fasciné par la lumière italienne. La salle D réserve la plus forte impression avec les 26 esquisses de paysages de Peter Balke (1804-1887). La série lui avait été commandée par Louis-Philippe, en souvenir du périple sportif que le roi avait effectué dans sa première jeunesse en Laponie. Enfin, en salle E, trônent deux tableaux de Caspar-David Friedrich, la star absolue du groupe : un méconnu Bord de mer au clair de lune (1818) et le très romantique Arbre aux corbeaux (1822).


 Rafael Pic
24.08.2001