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Patrimoine

En avoir ou pas

Des tableaux récemment retrouvés apportent un éclairage intéressant sur le conflit en Irak.

On savait que les Etats-Unis soutenaient Saddam Hussein lorsqu’il était le champion du Bien contre la partie iranienne de l'axe du Mal. Mais on ignorait le soutien qu'ils apportaient à sa libido. Jusqu'à ce qu'au détour d'un reportage de CNN on découvre les tableaux de l'artiste américaine Rowenna Mori qui ornaient ses appartements privés. L’un montre une femme enchaînée dévêtue, cambrant les reins pour tenter d'échapper aux crocs d'un dragon effrayant, l'autre le vain combat d'un chevalier dont l'épée ne viendra pas à bout d'un gigantesque serpent, qui fouette de sa queue une blonde pulpeuse. Rowenna, qui ignore comment ces oeuvres, vendues il y a vingt ans à un collectionneur Japonais, ont pu arriver là, n'y voit pas malice, indique qu'elle peignait alors des jaquettes de livres d'horreur qui la faisaient plutôt rire, et ajoute qu'en tout état de cause elle devait payer son loyer. Mais les psys de la presse américaine y voient les signes phalliques caractéristiques de la sexualité réprimée et de la quête de virilité des dictateurs. Hitler, dont le tableau préféré était une blonde Leda aux prises avec un cygne wagnérien, avait au moins le bénéfice du mythe. Avant de porter jugement, notre consœur Sarah Milroy, du Globe and Mail de Toronto, a voulu connaître les goûts artistiques des forces du Bien. Elle nous apprend que le tableau favori du président Bush est une oeuvre du peintre cow-boy texan Tom Lea, prêtée au bureau ovale par le musée d’El Paso,«Rio Grande»,un désert stérile, immensément vide. Rien là qui soit en contradiction avec ce que l'on croyait savoir du personnage, si ce n'est qu'au centre apparaît, dressé droit vers le ciel, un énorme cactus couronné d'épines.


 Danielle Arnaud
02.05.2003