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Patrimoine

Menaces sur les grottes ornées

Le champignon qui se développe dans la grotte de Lascaux pourra-t-il être éradiqué ?

Le « Wall Street Journal » a récemment servi de caisse de résonance au signal d’alarme lancé par la revue « La Recherche » au mois d’avril. La grotte de Lascaux, en Dordogne, dont les peintures pariétales remontent à 17000 ans, serait en danger. Malgré les mesures de sécurité prises depuis une quarantaine d’années - découverte en 1940, la grotte a été fermée au public en 1963 - une nouvelle attaque de bactéries menace les célèbres bisons. Elle a débuté à l’automne 2001, lorsque l’ancien système de ventilation a été remplacé. Les équipes d’ouvriers n’auraient pas suffisamment respecté les consignes, qui imposent de tremper ses chaussures dans une solution de formol, et auraient importé les micro-organismes dans leurs semelles. Le traitement par antibiotiques, s’il freine la progression de certains champignons, en favorise d’autres, et pourrait se révéler une véritable bombe à retardement. Les deux revues incriminent la gestion trop lourde de la grotte, qui dilue les responsabilités entre plusieurs plusieurs conservateurs (du patrimoine et de la grotte), l’architecte des monuments historiques, un laboratoire de recherche, etc. Dilution des responsabilités qui freine la prise de décision…

Alors que Lascaux souffre, Chauvet alimente le débat. Dans un article paru dans la revue « Nature », des chercheurs britanniques contestent la datation de cette grotte, découverte en 1994. Le résultat de 33 000 ans, obtenu par le laboratoire du CEA-CNRS de Gif-sur-Yvette, avait surpris les spécialistes tant il supposait une antériorité significative par rapport aux créations comparables en Europe. Cette analyse demande, selon les auteurs, confirmation par une autre expertise. La technique du carbone 14 est en effet difficile à appliquer tant les fragments de peinture pariétale sont petits.


 Rafael Pic
12.05.2003