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Expositions

Images du monde

Le festival « Biarritz terre d’images » aborde, dans sa cinquième édition, le thème de l’exil.


Hôtel des Terrasses, Paris, vers 1926
© André Kertész / Ministère de
la Culture-France
BIARRITZ. Alors que les festivals de photographie n’ont cessé de se multiplier en France ces trente dernières années, surfant sur la vague des arts plastiques pour certains, ou ciblant un domaine précis pour d’autres, la manifestation basque précise de plus en plus son ancrage généraliste. Articulées autour de deux accrochages ambitieux - une rétrospective en cent images du maître hongrois André Kertész et une sélection des collections du FRAC Aquitaine à Irún, de l’autre côté de la frontière - les expositions du cru 2003 défendent une photographie à l’écoute du monde contemporain.

Entre Amish et séfarades
Pour Claude Nori, photographe et éditeur, le but du festival qu’il dirige depuis le début est « tant de discuter la photographie que de la faire : parler du fond du monde en prenant en considération des regards d’auteur ». Si quelques grosses carrures du photojournalisme diffusent les tragédies d’aujourd’hui dans les vastes de l'hôtel Bellevue, rares sont ceux qui ont réussi à ajouter une dimension poétique à l’information. On peut citer Laurence Kourcia, pour Origine séfarade, et Olivier Pasquiers, qui témoigne en textes et en images des itinéraires hasardeux de quelques immigrés. Les portraits d’Amish, de cow-boys et de joueurs de base-ball de William Albert Allard, vieux briscard de la National Geographic Society, deviennent autant d’icônes troublantes d’une Amérique parallèle.

Jeunesse d'Albanie
À Anglet, la commune voisine, c’est le pendant en photographie créative actuelle qui est exploré : les recherches en clair-obscur de Carmelo Bongiorno sont sans doute ce qu’il y a de plus réussi dans le genre et les portraits dépouillés de Jorge Rivas-Rivas, de retour à son Altamira natale, séduisent tout autant qu’ils interrogent. La série de Katie Callan sur les jeunes de la ville albanaise de Pristina, entre fureur de vivre et désir de reconstruction après trois ans de guerre, s'affichent au café et sur les bus de la compagnie locale - la photo descend dans la rue. Les images de nuit de Laurent Saez et de Son-Thuy Ma, à la galerie Leibovici, nouvelle venue dans le paysage artistique local, donnent un éclairage agréablement coloré et jeuniste au festival. « Terre d’images » prendrait sans doute un peu plus de souffle si le choix était pris de montrer de temps à autre ce qui se passe dans les marges de la photographie « d’art contemporain ». On attend un élargissement du panorama l’an prochain avec, pour thème central, les « voyages extraordinaires ».


 Frédéric Maufras
13.05.2003